Big Brother is killing you
Le 3 mars 2016
Le sujet du film – les vices de l’internet – n’est qu’un prétexte à un déluge de violence et de surenchère visuelle. Par pitié, arrêtez ça.
- Acteurs : Simon Abkarian, Perrine Tourneux, Igor Skreblin
- Genre : Thriller
- Nationalité : Français
- Durée : 1h14mn
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 9 mars 2016
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Le sujet du film – les vices de l’internet – n’est qu’un prétexte à un déluge de violence et de surenchère visuelle. Par pitié, arrêtez ça.
L’argument : Alex est un père divorcé, un cadre stressé. Ce soir, il a un rendez-vous avec une jeune inconnue… sur Internet. Mais cette rencontre va le plonger dans une spirale infernale et bouleverser à jamais le cours de sa vie. Une chasse à l’homme se met en place jusqu’à ce qu’il soit pris au piège. Cette nuit, c’est lui la proie...
- © Destiny Distribution
Notre avis : Internet, c’est formidable. On y apprend plein de choses, c’est une ressource d’informations inépuisable. On peut aussi y faire des rencontres, retrouver des amis éloignés. On peut y chercher du travail, y faire ses courses… et aussi s’y faire piéger. Le récit de Pseudonym aborde donc, un thème large, passionnant, non sans faire écho à l’actualité mouvementée de la France recourbée sous l’état d’urgence, à l’heure où le web, refuge pervers des jeunes âmes égarées, sert de base de recrutement à toutes les formes d’extrémisme.
Au premier abord, le premier long-métrage de Thierry Sebban, son affiche et son accroche (« Sur Internet, un faux profil peut cacher une vraie menace… ») suscitent la curiosité. Malheureusement, son film passe à côté des théories qu’il prétend défendre.
- © Destiny Distribution
Un soir, Alex, un cadre aux allures d’hommes d’affaires très occupé, costard cravate et chaussures impeccablement cirées, rentre chez lui après une longue journée de travail. Il ouvre son ordinateur et contacte son ex-femme, via un service de messagerie instantanée pour lui annoncer que son emploi du temps ne lui permet pas d’assurer la garde alternée de ses deux petites filles. Après avoir salué ses enfants et essuyé les reproches virulents de leur mère, il raccroche. Pour lui, ce soir, c’est dîner aux chandelles en tête-à-tête avec son écran et l’image de Nina, une jolie jeune femme rencontrée sur le net. Alors qu’ils trinquent à leur petit flirt, Nina emmène Alex dans sa chambre et commence à se déshabiller. Mais, comme l’on s’y attendait, la scène érotique vire d’un coup d’un seul au guet-apens et au kidnapping. La diégèse bascule alors dans une espèce de thriller, qui se voudrait une mise en garde contre les pièges du web, mais dont le résultat n’est que violence gratuite et dégoûtante.
- © Destiny Distribution
L’intrigue de Pseudonym se construit sur les destins parallèles d’Alex, antihéros pitoyable, et de Nina, petit bout de femme perdue dans le monde de la nuit, qui piège les hommes en mal d’amour contre de la drogue. Abusant de musique funk et d’un montage alterné qui ne fait que traduire l’idée poussive que les deux personnages, l’un bourgeois, l’autre issu des milieux populaires, courent à leur perte, le film s’égare dans sa quête de style cinématographique, slalomant maladroitement entre les chefs-d’œuvre de Martin Scorsese et les sous-productions de Luc Besson. Thierry Sebban voulait fustiger les dangers d’internet, il ne présente qu’une suite d’images répugnantes d’agressions physiques, de cris, de sang, de larmes. L’un des plans touche même au gore en filmant un lobe d’oreille coupé à la pince. Tout ceci, ce malheureux orchestre filmique, est dirigé d’une main de fer par un riche patron qui, confortablement installé derrière son ordinateur et son smartphone, ordonne à ses hommes d’assassiner autrui pour son bon plaisir.
- © Destiny Distribution
C’est là que le film évoque, de manière bien trop allusive, ce qui aurait dû constituer le cœur même de son intrigue : l’idée que la part d’ombre de la toile capture les internautes comme des mouches imprudentes, étend ses tentacules comme une pieuvre saisissant et tuant ses proies avant de les dévorer. Mais au lieu de creuser ce concept, Pseudonym ne se concentre que sur le trash, la brutalité racoleuse et commerciale qui, incapable de se renouveler, ne fait que se recycler pendant une heure et quart. Une heure et quart, c’est court, mais c’est long, frustrant et dérangeant ; et ce n’est pas la mise en scène, lourde et surchargée, ni le rythme effréné, qui y changeront quoi que ce soit.
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