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Le 11 février 2004
Jim Shepard réinvente une tragédie meurtrière à la Columbine, afin de nous donner sa version des possibles explications à un tel geste.
Avec ce premier roman traduit en français, Jim Shepard réinvente une tragédie meurtrière à la Columbine, afin de nous donner sa version des possibles explications à un tel geste. Project X ou quand les Américains pansent/pensent leurs plaies.
Edwin Hanratty, le narrateur, est un adolescent taciturne et solitaire, plutôt intelligent mais pas franchement motivé par l’école. Incapable de nouer des relations amicales au collège, il endosse en courbant l’échine le rôle de la victime associable et nourrit une haine plus triste que vengeresse et qui se retournerait à coup sûr contre Edwin lui-même s’il n’avait trouvé son double, son copain Flake.
Perpétuellement désœuvrés, Edwin et Flake ne trouvent aucun exutoire à l’ennui qui les dévore : allergiques à la télé, à la musique, au sport et à toute autre activité susceptible de les relier au monde, ils finissent par ourdir un vague projet, celui de tirer sur les élèves du collège réunis en assemblée générale dans le gymnase. Et ce avec les armes (une carabine et une Kalachnikov) du père de Flake, à peine cachées dans une penderie de la maison familiale.
Au fur et à mesure que le scénario se déroule, le malaise grandit. D’abord parce que l’enchaînement des faits paraît si inéluctable que l’on se surprend à penser qu’il s’agit là d’une histoire banale, qui s’est déjà passée et dont on attend, impuissants, les répliques. Ensuite parce qu’on voit Edwin sombrer dans une solitude de plus en plus déprimante : ne parvenant même plus à formuler ses angoisses face à Flake, il cache ses insomnies, ses larmes et son mal-être à ses parents, pourtant présents et aimants, mais souvent maladroits et pas très perspicaces.
Plus qu’un roman sur la violence dans les collèges aux Etats-Unis, Project X est au fond un récit sur l’adolescence qui passe mal. A mettre plus particulièrement entre les mains de ceux qui croient être les seuls à en baver. Et entre celles de leurs parents.
Jim Sherpard, Project X (Project X : A Novel, traduit de l’américain par Françoise Bouillot), Liana Levi, 2004, 189 pages, 16 €
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