American psycho
Le 28 octobre 2005
La série qui a choqué l’Amérique débarque chez nous en DVD dans son intégralité et nous fait pénétrer les méandres d’un esprit malade fascinant. Culte !
- Acteur : Adrian Pasdar
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Free Dolphin Entertainment
L'a vu
Veut le voir
– Durée : 7h30mn
La série qui a choqué l’Amérique débarque chez nous en DVD dans son intégralité et nous fait pénétrer les méandres d’un esprit malade fascinant. Culte !
L’argument : Jim Profit représente, en surface, le golden boy de l’Amérique ultra-libérale dans toute sa splendeur : intelligent, ambitieux, élégant et totalement dévoué à son entreprise. Mais si l’on gratte un peu ce masque de perfection, on découvre un psychopathe obnubilé par la manipulation et le pouvoir, prêt à tout pour accéder aux échelons suprêmes de sa hiérarchie. Avec beaucoup de classe et de cruauté, Jim Profit va tout mettre en œuvre pour concrétiser ses noirs desseins.
Notre avis : En 1996 débarque sur la Fox le pilote d’une nouvelle série baptisée Profit. L’ensemble des critiques est dithyrambique, saluant sa qualité d’écriture, son ton résolument nouveau et sa thématique risquée ; tous la considèrent comme l’un des dix meilleurs shows de l’année. Ces louanges n’empêchent pourtant pas la désaffection d’un public désarçonné qui la boude très rapidement. Au bout de quatre épisodes, la Fox décide d’arrêter les frais et interrompt sa diffusion. Profit rejoint les rangs des séries maudites, donc cultes. Une année plus tard, Canal Jimmy reprend le flambeau et diffuse avec succès l’intégralité de Profit (huit épisodes en tout) ; les téléspectateurs français se régalent des dérapages moraux du personnage et font perdurer l’aura de cet ovni télévisuel. Pourquoi le public outre-Atlantique a-t-il alors condamné si prestement la carrière de ce yuppie atypique ?
A la première vision du pilote, Jim Profit fait immédiatement penser à Patrick Bateman, le tueur en série d’American psycho : même sphère professionnelle, même stature, même arrivisme, même désordre psychologique, même instinct de survie. Mais au fur et à mesure du déroulement des épisodes, Jim Profit s’éloigne ostensiblement de ce "modèle" pour devenir à part entière l’un des personnages les plus complexes produits par le télévision américaine. A l’inverse de Patrick Bateman, il n’est pas dans le déchaînement ultra-violent issu de pulsions meurtrières, il préfère au contraire rester tapi dans l’ombre et s’adonner à l’art délicat de la manipulation. Profit honnit le démonstratif ; son talent s’exerce dans la retenue. Maltraité par son père, élevé dans un simple carton, abusé par sa belle-mère, ce jeune homme ne connaît plus aucune limite morale et exploite avec douceur et politesse tous ses talents criminels pour mettre à genoux ses nombreux rivaux ; chantage, extorsion, meurtre, kidnapping, autant de domaines de compétence savamment explorés, en vue de son ascension professionnelle.
Toutefois, comme tout bon Américain qui se respecte, il chérit les valeurs familiales, l’idée du travail bien effectué et, plus que tout, veut conserver la foi. Jim Profit, en dépit d’actes répréhensibles, dégage un capital sympathie déstabilisant ; plus ses collègues lui tendent des pièges pour l’évincer, plus on espère qu’il réussira à retourner la situation à son avantage, peu importent les moyens utilisés. Force est de constater que, au bout de huit épisodes, on apprécie ce salaud de la pire espèce.
Avec un tel matériau, la série ne pouvait qu’exceller dans la mise en abîme du capitalisme féroce aux Etats-Unis ; ici tous les coups tordus sont possibles, faisant de Jim Profit un expert en la matière. De fait, les scénarios sont d’une richesse et d’une qualité d’écriture rare (la série a près de dix ans), à la hauteur de la puissante dramaturgie véhiculée par le personnage. En outre, les thèmes abordés dans Profit ont toujours une résonance particulière, aujourd’hui plus qu’hier ; notre époque ne vante-t-elle pas le repli sur soi comme une manière de vivre ? Le désir de s’emparer des secrets d’autrui n’est-il pas une obsession actuellement ? C’est le nerf viscéral de cette série qui peut-être a tant dérangé le public américain : l’intrusion dans une intimité pourtant protégée. Jim Profit sait absolument tout sur vous, sans que vous puissiez vous y opposer !
Ce sera le seul bémol de cette grande série : certaines invraisemblances viennent parasiter notre admiration totale. Vissé derrière son ordinateur, Profit collecte des tonnes d’informations d’ordre privé sur ses victimes. Comment fait-il, quelles sont ses sources ? Mystère... Le système d’exploitation informatique de la société G&G a pris un coup de ringardise (univers virtuelle improbable), mais cela reste anecdotique au regard de la qualité générale de l’œuvre. Profit est en effet une grande série qui mérite amplement que l’on s’y attarde. Sans exagération, on se demande si Les sopranos, Six feet under, Nip/Tuck et autres 24 heures chrono< auraient pu profiter des joies de la programmation sans la prise de risques des auteurs de Profit.
Le coffret 3 DVD
Le(s) supplément(s) à ne pas rater : Un très bon sujet de vingt-six minutes réalisé par Canal Jimmy, qui a réuni pour les besoins les deux auteurs, John McNamara et David Greenwalt, et l’acteur Adrian Pasdar (pouilleux et méconnaissable). Sans langue de bois, ils reviennent sur leur bébé, racontent la genèse, les difficultés rencontrées, l’échec public et les perspectives de Profit. On en apprend un peu plus sur la trame des épisodes qui devaient suivre, en l’occurrence une incursion dans le monde de la politique, et l’apparition du vrai Jim Profit. Cela ne fait que renforcer un gros sentiment de regret... Un autre documentaire intitulé Greed kills de plus d’une heure, revient aussi sur cette aventure. Plus conventionnel, forcément redondant avec le précédent sujet, il captive moins l’auditoire malgré une présence plus importante de la distribution.
Image & son : Rien à signaler de ce côté-là, si ce n’est un très beau master qui donne toute son ampleur aux ambiances clair-obscur de la série. Dotée d’une excellente définition, Profit sert parfaitement la psychologie du personnage-titre à coup d’images contrastées à souhait. Le son, selon la même dynamique, laisse s’exprimer la voix off grave et feutrée d’Adrian Pasdar. Les poils se hérissent et l’échine se glace.
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.