24 heures chrono (saison 3)

Pour cette troisième saison, le sujet est toujours aussi brûlant (le terrorisme bactériologique) mais les créateurs se laissent aller à quelques facilités de narration qui finissent par lasser. Peut largement mieux faire.

L’argument : Jack Bauer, l’increvable agent de la CAT, rempile dans ses fonctions de sauveur des Etats-Unis. Trois ans après l’attentat perpétré contre le président David Palmer, une nouvelle menace met à mal les défenses du territoire américain. Un virus extrêmement meurtrier sera répandu si Ramon Salazar, un baron de la drogue, n’est pas libéré. Jack Bauer ajuste donc sa montre et se donne vingt-quatre nouvelles heures éprouvantes pour régler ce problème. Il pourra compter sur l’aide de sa godiche de fille, Kim, devenue entre-temps agent de la CAT...

Spoilers légers : Cette critique de la saison trois a nécessité, pour appuyer son argumentation, la divulgation de quelques éléments du scénario. Il n’y a rien de définitivement révélateur, mais assez toutefois pour irriter de futurs spectateurs vierges de toute information. Vous voilà prévenus...

Notre avis : Jack is back !!! Pour la troisième saison, Kiefer Sutherland prête avec brio sa gueule de mercenaire fatigué à ce personnage emblématique des docu-fictions sur le terrorisme. L’acteur, au plus fort de son implication, porte brillamment l’intégralité des vingt-quatre épisodes sur ses larges épaules. Malheureusement, les scénaristes ne font pas preuve de la même rigueur professionnelle. C’est pénible à écrire, mais ce 24 heures chrono sombre sensiblement dans la surenchère et la facilité. Pis encore, certaines invraisemblances finissent par agacer et gâcher le bon déroulement de la trame narrative. Certes, le rythme est toujours palpitant - regardez un épisode et l’engrenage est enclenché -, l’action tonitruante et le suspense haletant, mais cette nouvelle saison s’octroie trop de libertés pour réellement égaler ses prédécesseurs.
Comment accepter que Jack Bauer, camé fini à l’héroïne, puisse se désintoxiquer en quelques heures par la seule force de sa volonté ? Comment accepter le fait que Tony Almeida, après s’être pris une balle dans la nuque, reprenne rapidement ses fonctions en pleine forme ? Ce genre de "détails" nous confortent dans l’idée que les scénaristes ont oublié les notions premières qui ont fait le succès de la série : crédibilité, réalisme et logique (on passera sous silence la caricature pitoyable du couple formé par Hector Salazar et sa femme ou les histoires de fesses du frère Palmer).

La saison trois collectionne en effet les aberrations, les fausses pistes ratées et les mauvais coups de théâtre. Exemple parmi tant d’autres, la manipulation infondée et exaspérante du spectateur : Jack Bauer, pourtant seul à l’écran, joue quand même la comédie de l’agent infiltré pour mieux nous tromper. Autre déception cette saison, la réalisation devenue étonnamment figée. Alors que ce principe de temps réel, amplifié par le procédé du split screen, tonifiait l’action et tétanisait autrefois nos nerfs, il semblerait cette année que les nombreux réalisateurs aient décidé de calmer le jeu, préférant une narration plus posée, plus classique. Victime de son succès, 24 heures chrono serait-elle devenu la série à la papa ?
Il reste cependant d’excellents arguments pour se laisser embringuer une nouvelle fois dans ce marathon télévisuel. En vrac : Kiefer Sutherland n’a jamais été aussi bon dans l’adversité ; Nina et Sherry sont plus garces que jamais ; Chase est loin d’être ridicule en courageux adjoint de Jack Bauer ; Kim s’en sort enfin avec les honneurs (quoiqu’un bébé ait remplacé le puma de la saison deux) ; le sort de Chapelle est une excellente trouvaille ; les épisodes sur l’hôtel contaminé sont savoureux ; enfin le bad guy est suffisamment réussi pour qu’on apprécie le voir donner du fil à retordre à Jack Bauer. En espérant que la saison quatre, bientôt visible sur Canal +, reprenne les chemins de la crédibilité.

Le coffret collector 7 DVD


Le(s) supplément(s) à ne pas rater : Le making of vaut à lui seul le détour. Pendant une trentaine de minutes, on découvre à quel point ce genre de production haut de gamme peut générer un authentique bordel. Les fanatiques de la série se régaleront soit des commentaires audio pas toujours en raccord avec le moment de diffusion, soit des nombreuses scènes coupées qui n’apportent pas grand-chose à un ensemble déjà millimétré. Enfin, un petit sujet sur les véritables menaces de terrorisme bactériologique, plutôt instructif, finira de vous faire flipper.

Image & son : Impeccable définition, que l’action se déroule en plein jour ou la nuit, avec des couleurs très justement saturées. On retrouve à ce niveau une authenticité dynamique qui fait tant défaut à la narration. Le son, en ce même sens, est un judicieux mixage entre les dialogues et les effets sonores tonitruants.