Le 20 novembre 2022
- Scénariste : Jeff Lemire>
- Dessinateur : Andrea Sorrentino
- Coloriste : Dave Stewart
- Genre : Historique, Science-Fiction
- Editeur : Urban Comics
- Famille : Comics
- Date de sortie : 28 octobre 2022
Le duo Lemire – Sorrentino revient avec avec un étonnant récit qui met en scène… l’absence de conquête spatiale.
Résumé : Après avoir mis en orbite son premier satellite Spoutnik en 1953, l’URSS envoie dans l’espace la chienne Laïka, premier être vivant à être mis sur orbite en 1957. Deux ans plus tard, les États-Unis lancent à leur tour deux singes dans l’espace, Able et Baker. Mais ni Laïka, ni les deux primates ne sont revenus sur Terre. Selon le récit officiel américain et soviétique, leur mort témoigne de l’impossibilité pour l’homme de voyager dans l’espace, et les programmes de recherche sont arrêtés net. Mais ces disparitions ne cachent-ils pas une autre vérité ?
Critique :Après la série Gideon Falls et l’excellent Joker : killer smile, le duo formé par Jeff Lemire et Andrea Sorrentino s’attaque à l’espace en offrant une contre-histoire originale de la conquête spatiale. Dans le monde qu’ils imaginent, l’homme a interrompu prématurément son aventure spatiale après l’échec de l’envoi des premiers être vivants quand dans la réalité, si Laïka est morte après 7 heures de vol en raison du stress et de la déshydratation, les deux singes envoyés par les Américains sont bien revenus sur Terre. À partir de ce postulat, les auteurs imaginent que ces animaux ne sont pas morts, mais qu’ils ont plutôt été enlevés par une instance extraterrestre inconnue, que Sorrentino choisit de ne jamais véritablement représenter. Les gouvernements américain et soviétiques savent que ces animaux ne sont pas morts et qu’ils figurent dans un espace-temps inconnu. Face à cette donnée inconnu et particulièrement angoissante, ils choisissent de faire cesser leur programme spatial et de cacher la vérité au public. Mais c’est sans compter, côté américain, sur la curiosité du professeur Pembrook et, côté soviétique, de l’abnégation de la chercheuse Yelena Nostrovic, tous deux bien décidés à découvrir où sont passés ces animaux. Et la scientifique désire ardemment faire revenir Laïka sur Terre.
- Jeff Lemire, Andrea Sorrentino – Urban Comics pour l’édition française
Les planches d’Andrea Sorrentino alternent entre l’onirisme du voyage spatial, avec des planches au découpage éclaté qui font l’identité graphique du dessinateur, et l’enquête plus terre à terre portée par le duo Pembrook / Nostrovic qui est rendue par un dessin beaucoup plus réaliste. L’originalité et les trouvailles graphiques de Primordial réside ainsi dans ces planches dans l’espace, où les animaux accèdent à une forme de conscience d’eux-mêmes. L’enquête s’avère beaucoup plus classique, tant dans le fond que dans la forme, et sans véritable surprise. Il faut dire que l’originalité – et pour tout dire l’intérêt – de l’album ne réside pas dans l’enquête, qui constitue un prétexte pour traiter d’un tout autre sujet, beaucoup plus original : le bien-être animal.
- Jeff Lemire, Andrea Sorrentino – Urban Comics pour l’édition française
Primordial développe en effet une réflexion sur l’exploitation des animaux par l’homme à des fins scientifiques. Considérés comme des objets jetables et sans émotions, leur destin est d’être au service des ambitions sans limites de l’être humain : les planches de capture de Laïka et des singes témoignent bien de cette cruauté humaine. De façon symbolique, leur disparition met un coup d’arrêt aux ambitions de l’homme dans l’espace. A contrario, Yelena Nostrovic éprouve un amour sincère pour la chienne Laïka, qui explique sa volonté inébranlable de la faire revenir sur Terre : une fois n’est pas coutume, le beau rôle est donnée à une femme soviétique. À travers cette fable, le duo d’auteurs pose une question pertinente : faut-il mettre l’animal au service des ambitions de l’homme ? Quid de leur sensibilité ?
Si cette approche s’avère intéressante, le récit comporte certaines limites : alors que Lemire nous a habitué à des univers fouillés, celui de Primordial s’avère assez limité et, sous le prétexte d’une fin ouverte, le récit n’apporte que peu de réponses à ses propres interrogations. En dépit de ces réserves, l’originalité des thèmes et les planches situées dans l’espace de Sorrentino valent la lecture.
176 pages – 21 €
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