Critique : Arthur Miller nous plonge au cœur des interrogations de ses personnages, adolescents, seniors ou jeunes adultes, nous fait ressentir leurs émotions, ainsi que leurs questions au fil des situations vécues dans ces six nouvelles. En quelques phrases, l’auteur fait affleurer toutes les pensées profondes de ses héros, à travers des événements qui vont de l’ordinaire, comme ces castors installés dans l’étang d’un propriétaire, jusqu’à l’extraordinaire, tel ce joueur de claquettes qui part vers l’Allemagne nazie, pour une représentation spéciale devant le Führer.
L’écrivain suit les raisonnements, les doutes, les évolutions des protagonistes. Avec ces six histoires, il mélange habilement deux thèmes : tout ce qui concerne la mémoire par le biais du souvenir, de la trace des moments vécus, et tout ce qui évoque les rencontres, étonnantes, inhabituelles, insolites.
Les textes explorent aussi différentes décennies, des années 1930 aux années 1950, en reliant le propos aux événements politiques, qu’il s’agisse de la montée du nazisme, de la pauvreté dans les Caraïbes, de la Grande Dépression...
Arthur Miller nous propose des récits courts, dont le style sobre évite le piège des fioritures. En quelques mots, l’auteur aborde une pensée, une époque, décrit des environnements dont la diversité est saisie par une même économie de mots suggestive, faisant émerger des forêts caraïbéennes, des bords de mer dans un beau matin frais, ou une salle de théâtre berlinoise.
Lire ces récits et naviguer dans la prose, la langue de Arthur Miller se révèle un véritable plaisir. On sent le vent, on entend la mer, on vibre aux émotions profondes des personnages.

Présence regroupe six des dernières nouvelles de l’auteur qui abordent avec justesse l’humanité et son monde intérieur.