Prendre l’air - La critique du film - 4 films de/avec Astrid Adverbe au Saint-André des Arts

Prendre l’air - Nicolas Leclere 2009Dans le cadre d’un hommage à l’actrice-réalisatrice Astrid Adverbe, le Saint-André des Arts proposera notamment le film de Nicolas Leclere, collaborateur d’Alain Guiraudie, Christophe Honoré ou encore Sophie Fillières.

L’argument : Traverser le pays dans la nuit, s’accrocher désespérément à un amour perdu, puis reprendre courage dans un paysage dévasté. Quelques jours de la vie de Colette, de sa fuite de l’hôpital St Anne aux confins de la Camargue. Quelques jours pour faire le point sur les histoires passées, et tenter de reprendre la main.
Notre avis : Comme dans le très beau Le temps qu’il fait (1999), Nicolas Leclere suit , dans Prendre l’air, les pérégrinations souvent cocasses d’une jeune femme un peu folle (elle s’enfuit d’une clinique psychiatrique et porte un coussin sur le ventre pour faire croire qu’elle est enceinte) en accordant toute sa confiance à l’énergie inépuisable et à la fantaisie contrôlée de son actrice, Astrid Adverbe, et à des dialogues vifs et pleins d’humour, mais en évitant de surenchérir, de souligner par sa mise en scène le côté burlesque, l’incongru surréaliste (la légende de Saint Norbert doctement raconté par l’ex amant devenu moine) ou la poésie mélancolique de l’étrange et de la déréliction (la dernière partie située dans un camping hors saison, peut être abandonné à cause d’une contamination radioactive, après Tchernobyl).

Prendre l’air - Nicolas Leclere 2009

Tout cela est bien présent pourtant, comme les souvenirs (plutôt que les citations) cinéphiles, mais observé avec la juste distance, celle qui sait faire apparaître la singularité des corps, des voix, des visages, de paysages admirablement saisis par la splendide photo de David Grinberg et sait trouver une dynamique musicale décalée, éloignée du rythme artificiel de tant de films sur-dramatisés ou à l’esthétique de clips musicaux, en faisant fi des procédés convenus pour ménager sans cesse de belles surprises, le surgissement de non-événements impensables au sein d’une progression dramatique plus formatée (la magnifique scène de la flûte).

Prendre l’air - Nicolas Leclere 2009

Rien en effet ne paraît obéir aux règles établies dans ce film atypique par sa durée (54 minutes, ni long, ni court, donc difficile à caser dans une programmation ) mais aussi par sa facture, son ton original et l’émotion précieuse, non préfabriquée qu’il réussit à susciter.
Merci au Saint-André des Arts de permettre la découverte de ce cinéma léger, ni porteur de message ni donneur de leçon, et nécessaire.

Prendre l’air Bande-annonce par toutlecine

Prendre l’air - Nicolas Leclere 2009

Du 20 août au 30 septembre 2014
Projection à 13h tous les jours, suivie d’une rencontre/débat au cinéma Saint-André des Arts, Paris 6e)

– 2 fictions

Le temps qu’il fait
(Nicolas Leclere - 1999 - 44’)
Avec Astrid Adverbe, Marie Rivière, Lou Castel, Philippe Morier Genoud, Philippe Suner, Eric Chevaleyre.

Prendre l’air
(Nicolas Leclere - 2009 - 54’)
Avec Astrid Adverbe, Pascal Cervo, Eric Chevaleyre, Yann Guillemo.

– 2 documentaires

Mé damné - Que Dieu me damne
(Astrid Adverbe - 2007 - 44’)
Avec François de Chantérac, Geneviève de Chantérac, Astrid Adverbe.

Ma fleur maladive
(Astrid Adverbe - 2013 - 44’)
Avec Marina Déak, Sara Viot, Frédéric Mainçon, Astrid Adverbe.