Premiers crus - la critique du film

Critique : Le nouveau film de Jérôme Le Maire marque un virage dans sa carrière après un sous-Nikita raté, Requiem pour une tueuse, qu’il tourna en 2010 sous le nom de Jérôme Le Gris. Même s’il ne révolutionne pas le cinéma français, et ce n’est d’ailleurs pas son but, ce deuxième essai est avant tout un film aimable qui ressuscite le cinéma de terroir, à la façon de Tu seras mon fils de Gilles Legrand (2011), en mettant en scène le monde des viticulteurs. « On n’hérite pas d’une terre, on la mérite », tel semble être le message que délivre Jérôme Le Maire de façon humble et sincère. L’affiche reprend d’ailleurs judicieusement cette affirmation. Gérard Lanvin, lui-même attaché à la terre et aux traditions françaises, y joue un viticulteur bourru, tentant de transmettre le goût de la vigne à son fils devenu un œnologue parisien réputé.

© 2015 Alter Films. Tous droits réservés.

Bien que le Premiers crus aligne les stéréotypes, on y suit sans ennui Gérard Lanvin dans son rôle perpétuel de bougon au fond sympa mais qui n’en a pas l’air, notamment dans l’âpreté de ses phrases, toujours directes. La palette de l’acteur semblant un peu se limiter à ce répertoire renfrogné depuis un certain temps (Bon rétablissement !, Angélique...), on y reconnaîtra sans peine les sempiternelles mimiques de l’acteur, ses regards noirs et tutti quanti. Il sait apporter du caractère à un personnage rugueux qui a de la bouteille et le montre.
Et puis, pour captiver le spectateur, on peut compter sur la puissance des images : la Bourgogne est particulièrement belle et bien exposée par le directeur de la photographie David Ungaro, dans de magnifiques couleurs dignes d’un tableau de Van Gogh. Dans ce cadre, Alice Taglioni rayonne de beauté en ancienne petite amie que Jalil Lespert tente de reconquérir.

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Sur le fond, le film manque un peu de mordant, les rapports entre le fils et le père, les caractères des personnages en général auraient pu être creusés davantage, comme si les scénaristes semblaient avoir muselé leur propos. Pourtant, le cinéaste porte cette histoire depuis près d’une décennie et a partagé l’écriture avec le tandem Vanessa Portal et Rémi Bezançon (Un heureux événement, Nos futurs). Cette histoire de filiation et de transmission peut paraître s’enliser par moment pour redémarrer ensuite, paraissant par alors trouver un second souffle, mais in fine, retombe quelque peu. Elle prend des allures de téléfilm pépère allant à son train de sénateur, faute de fièvre et de bouillonnement pour totalement acquérir l’adhésion. La réalisation de Jérôme Le Maire, elle-même, aurait mérité un peu moins de mollesse, un peu plus d’affirmation. En bref, ce film affable et non dénué de qualités, qui saura trouver son public, démontre que le cinéma de Jérôme Le Maire prendra vraiment de l’essor le jour où il mettra un tigre dans sa caméra.