Le 23 octobre 2018
Un excellent premier roman, à la frontière entre le polar et le récit dystopique.
- Auteur : Adam Sternbergh
- Editeur : Super 8 éditions
- Genre : Polar, Roman & fiction, Dystopie
- Date de sortie : 11 octobre 2018
- Plus d'informations : Le site officiel
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Parution : 11/10/2018
Résumé : Caesura Texas – une minuscule bourgade clôturée, au fin fond du désert. Population ? 48 habitants. Des criminels, a priori. Ou des témoins. Comment savoir ? Tous ces gens ont changé d’identité, et leur mémoire a été effacée. Pour leur bien. Dans l’optique d’un nouveau départ. En échange de l’amnistie, les résidents doivent accepter trois règles simples : aucun contact avec l’extérieur, aucun visiteur, et aucun retour possible en cas de départ. Une expérience unique, menée par un mystérieux institut. Pendant huit ans, tout ce petit monde est resté à peu près en place. Jusqu’à aujourd’hui. Errol Colfax, en effet, s’est suicidé... avec une arme qu’il n’aurait jamais dû posséder. Puis Hubert Humphrey Gable est assassiné. Calvin Cooper, le shérif local, est contraint de mener l’enquête. Ce faisant, il risque de déterrer des secrets que l’essentiel des habitants – y compris lui-même – auraient préféré voir rester enfouis. Trop tard pour faire marche arrière. Bientôt, un irrépressible déferlement de violence va s’abattre sur les rues poussiéreuses de Caesura...
Notre avis : La mémoire a autant d’avenir que de passé : celle d’une société qui n’est pas prête à pardonner s’avère évidemment la plus redoutable. On enferme des citoyens qui ont forcément quelque chose à se reprocher, on les soustrait à tout ce qui constituait leur vie antérieure, sous prétexte qu’elle aurait été délictueuse, on les force à abjurer leur identité la plus profonde qu’irrigue forcément l’expérience, de quelque nature qu’elle soit. Dans cette ville dystopique nommée Caesaria, rebaptisée Blind Town, chacun vit une sorte de reboot existentiel : parce qu’il faut gommer jusqu’à l’idée même d’un nom et d’un prénom, les résidents qui font l’objet de cette expérience carcérale à ciel ouvert -si l’on peut dire- sont contraints de piocher leur patronyme dans le Who’s who des stars d’Hollywood, concept grotesque, dont le shérif Cooper, lui-même assigné à résidence perpétuelle, reconnaît l’inanité. Mais qu’il applique aussi à lui-même.
De cette expérience grandeur nature, effrayante à bien des égards, on cherche les laborantins. Ce que le récit dévoile glace évidemment le lecteur, à la mesure de ce qui combine vengeance et contrôle, dans une implacable volonté de punir. Pour autant, la narration refuse toute forme de pathos : au contraire, le style caustique de l’auteur souffle le chaud de la révolte et le froid du constat, dans un mélange particulièrement efficace, qui flirte souvent avec l’humour noir ("J’ai dormi comme un bébé ou un mort, dit un des personnages - J’imagine qu’on ne peut pas mieux dormir qu’un bébé mort" répond son interlocuteur). Parce qu’il refuse de commenter ce qu’il raconte, le texte laisse à son récit la primeur d’une démonstration implacable, hantée par le fantôme de Kafka. Comme dans Le Procès, affleure l’idée qu’exister, c’est être jugé, sans même que l’on comprenne pourquoi. Afin de saisir les enjeux du récit, imaginez que vous soyez à vous-même votre propre secret, tout en sachant que la société vous a placé dans un endroit clos, pour une raison qu’elle jugeait bonne.
A cette situation effrayante, il n’existera qu’une seule issue : la violence. On laisse aux lecteurs le soin de découvrir comment elle se manifeste, en lisant cet excellent page turner.
Parution : 11-10-2018
Super 8 Editions
432 pages
14 x 2,7 x 20 cm
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