Polar - la critique du film

(c) 2019 Netflix

Notre avis : A l’heure ou les grands cinéastes (des frères Coen à bientôt Scorsese en passant par Cuarón s’abandonnent à Netflix et ses productions originales, le roi de la SVOD compte toujours sur une armada de réalisateurs has been (voir never been) afin d’alimenter ses fournées mensuelles d’exclusivités, là ou la quantité prime malheureusement sur la qualité. Polar, inspiré du roman graphique éponyme, s’inscrit parfaitement dans cette lignée de produits génériques et vaguement dans l’air du temps que la plateforme nous délivre par palettes depuis quelques années.

(c) 2019 Netflix

L’adaptation, dont les prémices remontent à 2014, se voit donc confiée aux (bons ?) soins de Jonas Akerlund, clippeur certes bien établi (son travail pour Madonna, Metallica, U2 ou Lady Gaga est à juste titre reconnu) mais à la filmographie au mieux dispensable (qui se souvient encore des Cavaliers de l’Apocalypse ?).
Dès les premières minutes, le décor est planté, et nous embarquons dans un vidéoclip de deux heures (bien trop long) éventuellement dynamique mais affreusement indigeste.
Montage calamiteux (découpage ultra rapide, surabondance de plans), effets visuels cheap et forçés, et racolage intensif via l’ajout de scènes de sexe ou de violences du plus mauvais goût forment tout simplement la clé de voûte du métrage, qui ne déviera jamais de sa proposition initiale de pseudo comic-book live, la compréhension de l’œuvre originale en moins. Pire, le film se perd sans cesse dans la citation des œuvres où il semble puiser ses références esthétiques ou narratives. De Sin City à (beaucoup) John Wick (y allant même de son petit clin d’œil), la seule réussite de la démarche d’Akerlund sera de tristement nous rappeler à quel point son film est inférieur à ses modèles.

(c) 2019 Netflix

Au milieu de cet océan de médiocrité, un îlot subsiste pourtant : Mads Mikkelsen. L’acteur danois semble porter tout espoir de réussite de l’entreprise sur ses épaules et, comme à on habitude, donne tout ce qu’il peut dans un rôle de badass pré-retraité d’une agence de tueurs à gages (John Wick, vous vous souvenez ?) lui allant comme un gant. Impliqué et diablement charismatique, l’interprète du tourmenté Black Kaizer voit malheureusement ses efforts réduits à néant par l’illisibilité chronique des scènes d’actions (pourtant le cœur du film) et les performances médiocres de ses compagnons de casting. Mention spéciale à l’équipe de jeunes assassins, qui franchissent allègrement les limites du ridicule à chaque apparition.
Après 119 minutes de lente agonie, Polar nous achève, à l’instar de son personnage principal, de la manière la plus froide qui soit en sortant la carte du twist final convenu au possible et ouvrant la voie à une suite que sans surprises, nous n’espérerons pas.