Piégé (2014) - la critique du film

D’une naïveté effarante, Piégé est tout simplement un mauvais film de guerre où la tension attendue fait cruellement défaut...

L’argument : Après avoir survécu à une attaque éclair, le sergent Denis Quillard pose le pied sur une mine russe à double détente. Seul rescapé de sa patrouille, coincé au milieu du désert afghan, il doit faire face à cette situation et affronter ses doutes comme ses peurs. L’ennemi se rapproche. Il a quelques heures pour s’en sortir. Le compte à rebours a commencé.

© D.R.

Notre avis : Le premier film signé Yannick Saillet avait tout du gros défi de mise en scène, celui de faire tenir l’audience en halène autour d’un personnage statique, bloqué sur le sable et sous le soleil aride par une mine antipersonnel. D’autres avant lui s’étaient essayés à ce type d’exercice avec un incontestable talent (on pense à Buried de Rodrigo Cortés ou encore 127 heures de Danny Boyle), hélas, il n’en va pas de même pour Piégé qui accuse un nombre de tares assez effarant. La séquence d’ouverture, embuscade de talibans sur une petite patrouille de l’armée française se voyait chargée de nous mettre dans le bain mais flaire instantanément l’amateurisme : impersonnelle, anti-spectaculaire au possible, elle ne procure qu’un intérêt trop limité.
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Passé l’introduction, on constate que les dialogues se font rares dans Piégé, ce qui n’est pas plus mal finalement quand les bidasses reflètent des beaufs au jeu digne d’une sitcom AB productions (la direction artistique est dramatique...). Le scénario qui se veut très simple est malheureusement bourré d’incohérences qui sautent aux yeux. Vous en connaissez beaucoup vous des cellulaires qui fonctionnent correctement en plein désert afghan ? Et des mecs capables de rester plantés des heures sous la chaleur écrasante sans risquer le moindre malaise ? Ou encore des types (même les plus entraînés) aptes à passer une nuit dans le désert affublé d’une simple veste sans mourir de froid ? Bref on s’arrêtera là. Quant aux péripéties rencontrées par Pascal Elbé, elles sont aussi plates que l’encéphalogramme d’une huître (des chiens, une tempête de sable, des femmes afghanes, une otage bâillonnée dont l’acte de présence ne sert qu’à justifier une avancée scénaristique bancale).

De plus, à aucun moment Yannick Saillet ne parviendra à nous faire ressentir une tension palpable vis à vis de la mauvaise posture dans laquelle se retrouve son soldat, isolé et vulnérable (on concédera au réalisateur d’avoir par moment un certain sens du cadre, mais c’est peu...). La tentative de faire passer un peu d’émotion avec le coup de fil aux proches (le fameux téléphone "je capte du réseau dans le désert"...) en leur laissant miroiter que tout va bien sonne indubitablement faux.
Le film se terminera comme il a commencé, sur une séquence assez désastreuse en guise de libération du spectateur dont la patience n’atteindra pas les limites de celles fixées par Elbé dans le métrage. Jamais éprouvant, fastidieux et jouant de la crédulité du spectateur avec exagération, il n’y a strictement rien à sauver de ce piètre pseudo film de guerre made in France...

Dispo en DVD chez France Télévisions. Bonus : Making-of : 45mn + bande annonce. Format sonore : Dolby Digital 5.1