Léger comme la plume bleue qui orne sa couverture ? Pas si sûr, même si Denis Grozdanovitch s’affiche collectionneur de "menus faits au bord de l’insipide". Ennemi des performances (lui, un ancien champion de France de tennis !), dédaignant l’efficacité et encore plus la rentabilité, rêveur de la meilleure espèce, amateur de farniente, expert en dilettantisme à tous crins, il nous livre dans ce premier ouvrage une série de petits textes succulents, écrits au fil du temps.

Poète de l’ordinaire non-conformiste, doté d’un magnifique sens de l’observation, il brosse en quelques traits bien sentis les excentriques qui croisent son chemin. Attiré par les "énergumènes d’espèce philosophique", il nous entretient avec bonheur de Léautaud. Avec la même grâce de plume, il nous parle de son chat Perdita ou de ses vacances dans les îles grecques. Son Petit traité peut se grappiller en feuilletant ses pages, comme on ouvrirait au hasard les tiroirs d’un bonheur-du-jour, pour découvrir ici le plaisir hédoniste d’une baignade au petit matin, là une rencontre burlesque avec un jardinier lubrique. Toujours Denis Grozdanovitch porte un regard fraternel sur ses semblables et se garde bien de les juger. En cela, il a le don rare de nous réconcilier avec l’espèce humaine et de nous faire aborder notre quotidien avec des yeux neufs. Somme d’instants volatiles, peut-être, mais tellement stimulants !