Le ridicule ne tue pas
Le 30 mars 2025
Naufrage inattendu et embarrassant, Personal Shopper n’a pas la carrure d’un film de compétition. Reconnaissons qu’Olivier Assayas n’a au moins pas peur du grotesque.


- Réalisateur : Olivier Assayas
- Acteurs : Aurélia Petit, Kristen Stewart, Anders Danielsen Lie, Benjamin Biolay, Nora von Waldstätten, Lars Eidinger, Audrey Bonnet, Sigrid Bouaziz, Hammou Graïa
- Genre : Fantastique, Thriller
- Nationalité : Français
- Distributeur : Les Films du Losange
- Durée : 1h45mn
- Date télé : 9 mai 2023 20:59
- Chaîne : OCS Choc
- Date de sortie : 14 décembre 2016
Résumé : Maureen, une jeune Américaine à Paris, s’occupe de la garde-robe d’une célébrité très médiatisée. C’est un travail qu’elle n’apprécie guère, mais elle n’a pas trouvé mieux pour payer son séjour, elle qui attend que se manifeste l’esprit de Lewis, son frère jumeau récemment disparu. Bientôt, elle se met à recevoir sur son portable d’étranges messages anonymes...
Critique : Après le beau Sils Maria, grand coup d’oxygénation dans la filmo d’Assayas, Personal Shopper fait l’effet d’un flop. Un raté d’autant plus embarrassant que le film figure en compétition officielle du Festival de Cannes - de quoi rappeler le soufflet La forêt des songes. Cette nouvelle histoire de dépersonnalisation - Sils Maria s’inspirait aussi de Persona -, cette fois saupoudrée d’épouvante, explore plus ou moins tous les possibles en matière de mauvais goût. Outre une mise en scène faiblarde et ampoulée, c’est dans les ressorts qu’Assayas pêche le plus : la crise existentielle de Maureen est poussive, les interminables séquences d’échanges SMS - dont une vaguement inspirée de la conversation téléphonique culte de Scream - suscitent dans le meilleur des cas l’hilarité. Kristen Stewart, dont on ne remet pas en question le talent, campe un personnage dépressif parfois risible : voir ces scènes surréalistes de niaiserie où Maureen, fatiguée de n’avoir retrouvé son âme perdue - Jung, encore et toujours -, finit par désespoir par revêtir les vêtements de sa patronne en son absence. Transgression sans ampleur qui se clôture par une scène d’onanisme si peu spontanée qu’on la dirait là par hasard, comme jetée par dépit.
- Copyright Les Films du Losange
L’idée d’une trame scénaristique axée sur la trajectoire d’une jeune femme incapable de faire le deuil de son frère jumeau n’avait sur le papier rien d’inquiétant. L’on s’attendait même à ce qu’Olivier Assayas tire son épingle du jeu. Mais même là où le cinéaste s’avère le plus crédible, soit dans ces apparitions spectrales en clair-obscur à la Johann Heinrich Füssli dans une vieille demeure, la direction artistique finit par s’enrayer. D’abord évanescents et abstraits, les fantômes brillent par leur banalité une fois révélés. C’est sans doute l’écueil le plus dommageable d’Olivier Assayas : n’avoir su doser son film que par à-coups grossiers. Résultat, ses velléités oniriques s’en trouvent aussi touchantes qu’un mauvais téléfilm. Difficile aussi de pardonner au réalisateur ce recours perpétuel de fondu au noir, qui loin de donner un rythme au métrage ou de le nimber de mystère, ne fait que révéler un manque alarmant d’inspiration. Au bout du compte, et aussi lénifiant soit ce simulacre de cinéma fantastique, peut-on au moins admettre que si Olivier Assayas fait bien montre d’une seule qualité ici, c’est celle de ne jamais craindre du ridicule. Mention spéciale à ce titre pour l’apparition de Benjamin Biolay, acteur d’un pénible feuilleton des années 60 incarnant Victor Hugo en pleine séance de spiritisme. L’on songe alors à une mise en abyme incontrôlée tant l’auto-parodie affleure.
- Copyright Les Films du Losange
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Marla 23 décembre 2016
Personal Shopper - Olivier Assayas - critique
Ah, merci pour cette critique franche d’un des plus mauvais films de l’année. Quelle déception après l’excellent Sils Maria ! Il faut dire que dans Personal Shopper, Olivier Assayas et Kristen Stewart semblent s’être perdus : http://bit.ly/2hhMZTW