Le 3 mai 2020
Olivier Assayas s’attaque à un sujet politique qui met dos à dos les Etats-Unis et Cuba, sans jamais réussir vraiment à se positionner et à éclairer le récit. Une expérience internationale de cinéma, dans laquelle le brillant réalisateur n’est pas au meilleur de son talent.
- Réalisateur : Olivier Assayas
- Acteurs : Penélope Cruz, Gael García Bernal, Édgar Ramírez, Leonardo Sbaraglia, Wagner Moura, Ana de Armas
- Nationalité : Espagnol, Français, Brésilien, Belge
- Distributeur : Memento Distribution
- Durée : 2h07mn
- Date télé : 10 juillet 2022 21:10
- Chaîne : France 2
- Date de sortie : 29 janvier 2020
- Festival : Festival de Venise 2019, Festival de Deauville 2019
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Résumé : Début 90. Un groupe de Cubains installés à Miami met en place un réseau d’espionnage. Leur mission : infiltrer les groupuscules anti-castristes responsables d’attentats sur l’île.
Critique : Les années Castro continuent de hanter l’inconscient collectif de l’histoire du monde. Le conflit qui n’a jamais eu de cesse que d’opposer les États-Unis et Cuba, au point qu’une troisième mondiale a failli déchirer le monde, a finalement peu été traité au cinéma. C’est toute l’ambition d’Olivier Assayas qu’on connaît mieux dans un cinéma intimiste et bourgeois. Le brillant réalisateur s’attaque à un sujet complexe, qui semble difficile à appréhender quand on n’a pas toutes les clés historiques. Et c’est là sans doute que le film fait mouche. Si le récit se déroule autour de trois figures attachantes de militants anti-castristes, dont on comprend très vite en fait qu’ils sont les meilleurs soldats du régime dictatorial, le propos semble si confus que le scénario s’interrompt pour proposer une explication de texte.
- Copyright Memento Films Distribution
Il faut le reconnaître : s’emparer de près de dix années de guerre froide entre Cuba et les États-Unis en deux heures relève de la gageure. Assayas cherche à donner un récit complet, qui met en opposition l’ambivalence et les mensonges des deux pays. Au bout de cette histoire rythmée, on ne sait plus qui des Américains ou des Cubains sont les plus tortueux. Chacun des deux États s’épie et se guette à coups d’espions et de manipulations politiques. Force est de constater d’ailleurs que les armes d’espionnage sont très rudimentaires. Sans doute d’ailleurs que le meilleur du film demeure le moment où Assayas cite la fameuse interview télévisée de Fidel Castro, qui se moque des accusations des Etats-Unis contre Cuba, sans doute le pays le plus surveillé au monde à l’époque.
- Copyright Memento Films Distribution
On sait l’amour du cinéma d’Olivier Assayas pour les actrices. On pense à son très beau Sils Maria, ou le plus ancien L’heure d’été qui mettaient en exergue de magnifiques comédiennes, sensibles et évanescentes. Cette fois, si le réalisateur s’entoure de la sublime Penélope Cruz, il semble presque se heurter à une erreur de casting. Certes, la comédienne parle l’espagnol, ce qui est très aidant pour la crédibilité du film, mais le rôle réduit le personnage féminin à une figure soumise. Cruz mérite tellement plus et on s’étonne que le réalisateur ait choisi de travailler avec l’illustre actrice dans un rôle qui n’honore pas le statut des femmes. Même Ana De Armas incarne un personnage naïf, totalement manipulé par un homme désinvolte et sans scrupules. En fait Cuban Network n’offre pas une meilleure image de la gent masculine, à l’exclusion du père de famille incarné par Édgar Ramírez.
- Copyright Memento Films Distribution
Le cinéaste a bénéficié de moyens conséquents pour dérouler son récit d’espionnage. Les scènes d’aviation sont particulièrement maîtrisées, et on perçoit peut-être l’ambition du réalisateur de se tourner vers un cinéma américain, doté d’un budget plus important que ce que le cinéma français offre. Mais on ne sent pas le réalisateur totalement à l’aise dans cet exercice de style. Le scénario mélange les temporalités et se perd dans la démonstration. Assayas en fait beaucoup dans la mise en scène, comme pour compenser le risque de la confusion du scénario. Pour autant, le rythme tient le spectateur en haleine jusque le générique final, sans que finalement il soit capable de reconstituer le fil historique et surtout qu’il puisse identifier le point de vue du cinéaste lui-même, sur l’interprétation politique qu’il donne à cette histoire cubaine et américaine.
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