Le 24 juin 2005
- Scénariste : CHAUVEL, David
- Dessinateur : LERECULEY, Jérôme
Lassés des clichés véhiculés autour du cycle arthurien, le scénariste David Chauvel et son comparse dessinateur Jérôme Lereculey ont fait le pari de réinstaller les aventures d’Arthur dans ses origines païennes. A l’occasion de la sortie du tome 7, Peredur le naïf, aVoir-aLire.com est allé débusquer ce dernier sur ses terres bretonnes.
David Chauvel et Jérôme Lereculey racontent comment ils ont voulu se débarrasser des clichés véhiculés autour du cycle arthurien.
Beaucoup de bandes dessinées passent sur les tables des librairies. Très peu resteront. Mais Arthur fera partie de celles-là. Simplement parce que tout historien, comme tout amateur du cycle arthurien en règle générale, devra dorénavant en passer par la série de David Chauvel et Jérôme Lereculey s’il a la prétention d’avoir une vision exhaustive de l’un des plus grands mythes fantastiques qui soient.
On pourrait penser à un opportunisme créatif savamment orchestré - vas-y coco, Arthur en BD ça n’a jamais été fait - si ce n’est qu’Arthur en BD, justement, ça a déjà été fait, et de mille manière encore. Il suffit pour s’en convaincre de relire par exemple Prince Valliant, Pendragon ou même Camelot 3000. Alors comment expliquer le succès de cet Arthur-là ? Peut-être par ce que Chauvel et Lereculey, l’un et l’autre viscéralement bretons, n’avaient pas envie de plaisanter avec le sujet : "On a voulu partir de ce qui avait influencé le cycle de la Table Ronde, des chroniques pré-chrétiennes inconnues du grand public. Refaire un énième Excalibur aurait été sans intérêt. La version médiévale avec son côté chrétien moralisateur est finalement assez peu intéressante. Grâce à notre Arthur les lecteurs découvrent des personnages qu’ils croyaient connaître."
Le défi est donc lancé : redonner au cycle arthurien sa patine première. Et dès le premier tome, Myrddrin le fou, Chauvel et Lereculey font comprendre au lecteur qu’il ne le ménageront pas, ne reculant devant aucun récitatif ampoulé et conservant à leur récit païen ses noms d’origine souvent imprononçables, ainsi "Myrddrin", qui n’est autre que... "Merlin".
"David a un peu allégé les récitatifs depuis le premier tome, mais on a pas fait d’autres concessions. Nous avons suivi notre voie en faisant à notre idée, en présentant un par un les compagnons d’Arthur, au risque de perdre de vue le roi lui-même, ce qu’on nous a souvent reproché. Ce à quoi je réponds que c’est la même chose dans le cycle de la Table Ronde où Arthur, une fois qu’il est roi, délègue à Gauvain tant qu’il peut." Que les fans se rassurent, Arthur reviendra au premier plan pour un diptyque qui mettra le point final à cette ambitieuse série porté par un dessin magnifiquement habité, d’une lisibilité et d’une adéquation parfaite au propos. Ce qui n’est pas une mince performance lorsque l’on considère que Lereculey n’avait aucune source iconographique sur laquelle appuyer son travail.
"C’est vrai que je n’ai pu compter que sur des sources concernant les époques antérieures et ultérieures, à savoir les Celtes et les Vikings. J’ai donc fait un mélange des deux pour camper l’univers d’Arthur. La documentation est très importante dans mon travail, mais bon : à partir du moment où il y a des dragons dans l’histoire, je pense qu’il faut savoir s’en dégager ! (rires) Plus qu’une ambiance vaguement médiévale, c’est une ambiance à la Seigneur des anneaux que j’ai voulu conférer à Arthur, ce qui est assez logique puisque Tolkien lui-même s’est inspiré des légendes celtes pour ses romans. Nous en reparlerons bientôt puisque notre prochain projet à Chauvel et moi foulera là encore les terres de l’épique merveilleux à la manière de certains romans de Tolkien." A moins qu’Arthur ne soit trop difficile à quitter et que le duo trouve un stratagème narratif pour rempiler. "Pas question ! tranche Lereculey. Même s’il pourrait être tentant de poursuivre une série bien installée, je ne me vois faire ce qu’a fait Arleston dans Lanfeust de Troy, revenu dans un second cycle baptisé Lanfeust des étoiles. Franchement Arthur des étoiles, ça ne serait vraiment pas crédible !"
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