Apostrophes
Le 29 janvier 2009
Celui qui est sans doute le plus grand écrivain américain de sa génération méritait bien un documentaire. C’est chose faite avec ce portrait réussi qui devrait ravir ses fans.


- Réalisateur : Guy Séligmann
- Genre : Documentaire, Téléfilm
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Arte Vidéo
- Durée : 2h15mn

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– Année de production : 1998
L’argument : On accompagne Auster dans Manhattan, chez lui à Brooklyn et dans ses lieux fétiches, Central Park ou le Shea Stadium. Il parle de son enfance, évoque le souvenir de son père, déjà très présent dans L’Invention de la solitude (1982). Il raconte ses voyages, l’influence de la ville sur son œuvre, la marche qui lui est nécessaire "pour rendre le souvenir possible" et dont il décrit le rythme dans Moon Palace (1989).
Du baseball à sa vie privée, Paul Auster relate les moments forts de sa vie. Pour la première fois devant une caméra, sa femme, l’écrivain Siri Hustvedt, parle de son mari et de leur rencontre.
Notre avis : Paul Auster est non seulement un auteur culte et un écrivain à succès : c’est aussi l’un des artistes les plus doués de sa génération et il n’est pas étranger à l’univers des cinéphiles : ses films Smoke et Brooklyn Boogie, coréalisés avec Wayne Wang, constituent deux des plus attachants fleurons du cinéma indépendant américain et La Musique du hasard fut une adaptation honnête de son roman. Quant à la lecture du Livre des illusions, vertigineux récit à tiroirs mêlant le thriller et l’évocation de la magie du cinéma muet, elle constitue une expérience inoubliable pour qui se souvient des ombres de Harry Langdon ou Keaton.
Produit par Arte, ce documentaire ravira les fans, par l’alternance de confidences autobiographiques (privées et professionnelles) d’Auster, le témoignage de proches, et des extraits de films ayant influencé son œuvre ou ayant été réalisés par lui-même. Le document évite tant les écueils du travail universitaire austère que la compilation d’anecdotes superflues et le ton hagiographique, souvent de rigueur dans ce genre d’entreprise. On appréciera en particulier cette radioscopie des quartiers new-yorkais si connus mais qui jouent un rôle crucial dans ses livres. Ceux qui n’en ont jamais ouvert un y trouveront-ils leur compte ? On peut en douter cependant, face à certaines longueurs et un manque de pédagogie dans l’approche de l’univers de l’auteur. Mais cette réserve n’entache en rien l’intérêt que suscite cette rencontre unique.
Le DVD
Une édition de qualité. Indispensable entre deux des livres de l’auteur.
Les suppléments
Minimalistes mais il est vrai que les 2h15 de film sont suffisamment instructives. On signalera un portfolio des principaux ouvrages d’Auster publiés chez Acte Sud, ainsi qu’une pertinente biographie de l’auteur commentée par l’éditrice Marie-Christine Vacher.
Image & son
La copie proposée est de facture honnête, quoique télévisuelle. On notera la présence d’une piste 5.1 plutôt harmonieuse, alors que Paul Auster n’hésite pas à recourir au français pour nous éviter les turpitudes d’un doublage fantasque. Sacré Paul.