Parfum d’absinthe

Quelques verres d’absinthe pour bien peu d’ivresse en retour.

L’argument : Fin des années 20, en Allemagne. Lors d’une garden party, un trio amoureux danse sur un volcan, sans se douter de l’orage passionnel qui gronde. Paul, jeune écrivain, en est le témoin privilégié et affecté.

Notre avis : L’éclat des premières amours, à peine nées et bientôt perdues, ainsi que la fièvre de l’absinthe, vive et grisante, promettaient leur lot de lyrisme adolescent et exalté. Mais Achim von Borries, réalisateur de ce Parfum, semble préférer les lumières fuyantes de la fin d’été, le demi-jour qui semble entourer la propriété des retrouvailles, perdue au bout du monde et sans attache temporelle fixe. Un crépuscule au bord d’un lac, dans une cabane retirée ou autour d’un feu, et une jeunesse se consumant sous l’égide de la fée verte qui se joue des dernières illusions juvéniles. L’éternelle valse du garçon qui aime un garçon qui aime un garçon qui aime une fille, jusqu’à une issue qu’on devine tragique. Fin de l’ivresse, fin d’une époque et fin d’un monde. Parfum d’absinthe profite pourtant assez peu de ses solides munitions. Retenu, peut-être un peu trop, le long métrage peine à laisser percer une quelconque émotion, lové dans le bel écrin d’une photographie qui fige les corps comme les cœurs. Une froideur qui sied mieux aux noirs dénouements, comme le prouve une fin de film dotée d’un peu plus d’envie, de feu et de nerf. A travers une distribution inégale (Daniel Brühl au jeu empâté et Thure Lindhardt en amant grotesque, contre la grâce d’August Diehl et le visage d’Anna Maria Mühe), Parfum d’absinthe boite longtemps avant que sa petite histoire ne rejoigne la plus grande. Pétrifié dans sa nonchalance de glace, le film semble souvent manquer de substance et d’urgence.