Rien à prendre
Le 14 mars 2007
Dans un Londres en travaux, des immigrés bosniaques à la rescousse d’un couple de bobos en crise. Lourdeur et morale douteuse au programme du nouveau Minghella.
- Réalisateur : Anthony Minghella
- Acteurs : Robin Wright (Robin Wright Penn), Jude Law, Juliette Binoche
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain, Britannique
- Date de sortie : 14 mars 2007
– Durée : 1h59mn
– Titre original : Breaking and entering
Dans un Londres en travaux, des immigrés bosniaques à la rescousse d’un couple de bobos en crise. Lourdeur et morale douteuse au programme du nouveau Minghella.
L’argument : Will traverse une période difficile avec Liv, sa compagne. Il vient en plus d’installer son cabinet d’architecte paysagiste dans King’s Cross, un quartier de Londres en pleine réhabilitation. Ses luxueux locaux attirent une bande du coin qui le cambriole à répétition. Excédé, Will finit par suivre l’un des jeunes voleurs jusque chez lui où le jeune homme, Miro, vit avec sa mère, Amira, une réfugiée bosniaque.
Afin d’en apprendre plus sur le gang, Will s’arrange pour sympathiser avec Amira mais rapidement, des sentiments imprévus surgissent... Pour Will, c’est le début d’une plongée au cœur d’un autre univers que le sien, et au plus profond de lui-même.
Notre avis : Après deux gros films d’époque (le multi-oscarisé et pas si loupé Patient anglais puis l’effroyable Retour à Cold Mountain), Anthony Minghella revient à l’époque contemporaine avec un drame conjugal doublé d’une approche de la situation des immigrés installés à Londres. Lier deux sujets aussi différents devient un jeu d’enfant quand une bonne vieille intrigue sentimentale pointe le bout de son nez . Ainsi Will, ingénieur paysagiste nanti, tombe-t-il rapidement (enfin, tout est relatif...) sous le charme d’Amira, réfugiée bosniaque qui vit avec son délinquant de fils. Cet artifice n’est absolument pas répréhensible en soi, les scénarios en sont truffés. Mais pour passer, ce genre d’histoire a besoin d’être solidement mis en scène. Or pas grand-chose ne fonctionne dans ce drame contemporain superficiel et lourd.
Le film souffre d’abord d’un énorme problème de rythme. Très mou, il met des siècles à démarrer, et presque autant à finir. Principalement occupées par des scènes conjugales et familiales ultra-convenues (fifille est pénible, maman au bord de la crise de nerf, papa bien embêté ; on peine à se parler) et un rebondissement final archi-prévisible, les deux extrémités du film s’engluent. Entre-temps, on découvre quand même que Londres change (King’s Cross en travaux, parabole d’un monde en mutation : très fort). On apprend également que les immigrés n’ont pas la partie facile dans un monde occidental qui leur réserve ses emplois subalternes. Du coup, ils volent, mais rendent quand même gentiment quelques trucs (des photos, un 4x4...) ! Et surtout, ils rentrent chez eux à la fin. Car en plus d’avoir fait prendre conscience à Will qu’il aimait encore sa compagne, Amira permet au séduisant bobo de retaper à moindres frais sa conscience vaguement éveillée à la misère des réfugiées politiques (qui ont cela de pratique par rapports aux immigrés économiques qu’on peut les renvoyer dans leur pays pacifié sans trop d’états d’âme). Par cette conclusion douteuse, Minghella entache une œuvre déjà embourbée jusqu’au cou et desservie par une distribution peu homogène, chacun jouant plus ou moins bien (le cas Jude Law devient très inquiétant) sa petite partition dans son coin, finissant ainsi de décrédibiliser les relations entre les personnages. De quoi susciter beaucoup de regrets quant à un projet qui, s’attaquant à des sujets très peu abordés par des films appelés à une large audience, ne manquait a priori pas d’atouts.
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bbjj83 17 mars 2007
Par effraction
Un film lent, très lent !
Le casting est joli, (Jude Law et Juliette Binoche entre autres) mais ce film aurait pu être meilleur si le scénario avait été traité d’une autre façon.
Je suis déçue, je m’attendais vraiment à mieux.
VincentLesageCritique 31 mai 2007
Par effraction
Minghella signe une intimiste étude de mœurs, de caractères et de sentiments, associée à une peinture sociale de sociétés cosmopolites. A travers l’expérience et la découverte d’un autre monde, Jude Law va chercher l’amour qu’il ne reçoit plus. Le réalisateur a visiblement appris à diriger son acteur fétiche ; celui-ci offre là une composition troublante et immorale. La mise en scène est précise, proche des corps et des passions.