Le 25 février 2019
- Festival : Les Oscars 2019
La 91e cérémonie des Oscars bat son plein et célèbre sa vision du meilleur du cinéma mondial, avec des choix sans surprise, d’un académisme ronflant.
Green book : sur la route du classicisme
– Meilleur Film : Green Book, de Peter Farrelly
– Second rôle masculin : Mahershala Ali
– Meilleur scénario (original) : Nick Vallegonga
C’est la surprise de la soirée, le film le plus inattendu face à des challengers de poids ; l’académie des Oscars récompense le film solo de Peter Farrelly (Mary à tout prix) et réitère donc l’Oscar de Miss Daisy et son chauffeur, en 1990, dans sa volonté de promouvoir la diversité et les droits civiques ; cette fois-ci les rôles sont inversés (le chauffeur est blanc...), mais la victoire demeure consensuelle, nourrissant ainsi une certaine idée du classicisme de l’Académie qui ne manquera pas d’être critiquée, alors que BlacKkKlansman aurait pu, sur des thématiques proches, apporter un coup de neuf au type de productions habituellement récompensées de la statuette suprême.
C’est l’occasion par ailleurs de snober Disney et Black Panther par le haut. Il est vrai que le film de super-héros n’avait pas sa place dans la logique de cette catégorie.
Green Book : sur les routes du Sud avait déjà remporté le Golden Globe de la meilleure comédie/comédie musicale, préfigurant le palmarès de ce soir.
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Netflix, Cuaron et Roma triomphent, mais pas trop
– Meilleur Réalisateur : Alfonso Cuaron (Roma)
Le cinéaste mexicain réitère dans cette catégorie, après son Oscar pour Gravity en 2014. Peu de suspense ici, même si Yorgos Lanthimos, Spike Lee, Adam McKay ou même, d’une certaine mesure Pawel Pawlikowski, ne déméritaient pas. Pour Netflix, il s’agit d’un semi-camouflet pour la plateforme qui doit se contenter d’un Prix moins vendeur, avec celui du Meilleur film étranger, ce qui était là encore attendu.
Roma remporte effectivement
– le Meilleur film en langue étrangère, une première pour une œuvre mexicaine
– la Meilleure Photographie
Curieusement, le montage lui a échappé.
Le cas Bohemian Rhapsody
– Meilleur acteur : Rami Makek (Bohemian Rhapsody)
– Montage son : John Warhurst and Nina Hartstone (Bohemian Rhapsody)
– Mixage son : Paul Massey, Tim Cavagin et John Casali (Bohemian Rhapsody)
– Montage : John Ottman (Bohemian Rhapsody)
Bohemian Rhapsody est un cas à part : le film a remporté les plus grosses recettes de l’histoire pour un film dramatique, avec 800M$ dans le monde (à titre comparatif, A Star is born se situe à 400M$), mais les critiques lui ont été hostiles. Par ailleurs, sa production chaotique a été marquée par le limogeage de Bryan Singer, réalisateur accusé d’abus sexuels. Il était logique que le biopic sur Queen reparte avec le Prix du meilleur acteur pour Rami Makek, et quelques récompenses techniques, pour aller dans le sens du public, sans prendre le moindre risque.
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Les prix compensatoires
– Meilleurs effets spéciaux : First Man
Pourquoi lui et pas un autre ? Tout simplement parce qu’il s’agissait du dernier film de l’oscarisé Damien Chazelle (La La Land), qui a été mondialement ignoré par le public, et pourtant soutenu par la critique. Il lui fallait un prix compensatoire. Ce fut celui-ci.
– Meilleur second rôle féminin : Regina King, dans Si Beale Street pouvait parler
Même réflexion pour Barry Jenkins et son Beale street pouvait parler. Après le succès de Moonlight, Oscar du Meilleur film en 2017, Barry Jenkins a été littéralement mis à l’écart par l’Académie des Oscars en 2019, alors que Beale Street avait mis toute la presse d’accord. Il obtient un Oscar de consolation via le second rôle féminin.
– Meilleur maquillage et coiffure : Greg Cannom, Kate Biscoe et Patricia DeHaney (Vice)
Huit nominations aux Oscars, mais un seul prix pour Vice d’Adam McKay, qui repart donc presque bredouille. Comme l’Oscar du Meilleur Acteur était réservé pour un autre que Bale, c’est forcément la statuette du Meilleur maquillage, effectivement exceptionnel, qui attendait cette comédie politique cinglante.
– Meilleur actrice : Olivia Colman (La Favorite)
Glenn Close ultra favorite, a perdu pour la septième fois, victime du peu d’intérêt porté par le public et la critique sur le film The Wife, proposé directement en VOD sur notre territoire. Il s’agit aussi, pour les votants, de ne pas oublier La Favorite qui comptait parmi les... favoris, avec 10 nominations. Il ne repartira qu’avec cette victoire. Mais une très belle victoire.
– Meilleur chanson originale : Shallow (A Star is born)
C’est le prix traditionnel du perdant qu’on n’a pas totalement osé bouder ; cette récompense permet à Lady Gaga de repartir la tête haute, alors que le drame musical portait pas moins de 8 nominations sur ses épaules.
– Meilleur scénario (adaptation) : Spike Lee (BlacKkKlansman)
Félicitations à Spike Lee, dont la carrière, relancée à Cannes, est couronnée enfin d’un premier Oscar via cette statuette pour le meilleur scénario (adaptation).
L’intrus Black Panther
– Meilleure musique originale : Ludwig Goransson (Black Panther)
– Meilleurs décors : Hannah Beachler et Jay Hart (Black Panther)
– Meilleurs costumes : Ruth Carter (Black Panther)
Black Panther, devenu une œuvre symbole d’une ouverture d’Hollywood sur un casting entièrement afro-américain, dans un cinéma de divertissement à gros budget, a été un triomphe commercial (700M$ aux USA). C’est ce triomphe et ce symbole qui sont récompensés cette année, puisque le talent technique du film n’est en rien pire ou meilleur que celui mis en œuvre dans les autres productions Marvel.
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Les inévitables :
– Meilleur film d’animation : Spider-Man : New Generation
Une belle récompense pour ce film d’animation pour les petits, totalement inattendu, qui a su séduire les critiques et le public, remportant un Golden Globe, un BAFTA, sept Annie Awards. Le film devrait logiquement dépasser les 200M$ au box-office américain. Il a battu, et il faut le souligner, le mastodonte de Disney Pixar, Les Indestructibles 2, à savoir le troisième plus gros succès de 2018 aux USA, avec 600M$.
– Meilleur film documentaire : Free Solo
Sans grande surprise là encore, le docu, qui relate l’histoire de l’alpiniste Alex Honnold, dit El Capitan, est consacré. Il s’agit du récit d’un homme qui ne ressent ni la sensation de danger ni la sensation de risque, et qui se lance des défis d’ascension. Inédit en France, ce portrait vertigineux devra attendre le 24 mars 2019 pour être diffusé sur la chaîne National Geographic. Le film de Jimmy Chin et Elizabeth Chai Vasarhelyi avait pourtant réalisé l’exploit de gravir les échelons du box-office américain, remportant au passage 16.5M$ localement.
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