Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures) - le test DVD

D’une œuvre à l’autre, Apichatpong Weerasethakul se positionne comme l’un des cinéastes les plus originaux et les plus novateurs de sa génération. Politique, poétique et finalement inclassable, son dernier film, Oncle Boonmee, témoigne d’une connaissance aiguë et précieuse du cinéma.

L’argument : Les apparitions magiques de sa femme défunte et de son fils disparu depuis des années confirment à Oncle Boonmee que sa fin est proche. Dans son domaine apicole, entouré des siens, il se souvient alors de ses vies antérieures. Accompagné de sa famille, il traverse la jungle jusqu’à une grotte au sommet d’une colline, lieu de naissance de sa première vie. De cette première vie, Oncle Boonmee ne se souvient de rien, s’il était animal ou végétal, homme ou femme ; mais il sait à présent qu’il est prêt à aborder la mort avec apaisement.

Le film :

La sortie en vidéo d’Oncle Boonmee est un bonheur, et qui plus est double. Le plus évident d’abord, celui de revoir cette Palme d’or définitivement pas volée. L’occasion de replonger dans ce film contemplatif et poétique qui renvoie autant aux oeuvres des pionniers qu’à un cinéma sensoriel et intime à la David Lynch. L’autre raison d’être de ce DVD, c’est qu’il permet de replacer le film d’Apichatpong Weerasethakul dans son contexte artistique global. En effet, l’œuvre du cinéaste de Blissfully Yours s’intègre dans un projet intitulé Primitive, une exposition multi-média traversée par le thème de la mémoire. Le livret de 24 pages qui accompagne l’édition DVD se montre alors indispensable et précieux pour comprendre la démarche artistique du réalisateur thaïlandais. On pourra regretter de ne pas retrouver tous les films tournés dans le cadre de ce projet mais la seule présence de Lettre à Oncle Boonmee témoigne sans aucun doute d’une volonté de la part de son auteur qui, avec ce film, n’a pas fini de nous envoûter.

– La critique ICI

Les suppléments :

Peu nombreux et très classiques, les quelques suppléments se montrent malgré tout de qualité. On y trouve ainsi une intéressante interview du réalisateur, lequel revient sur la genèse du film mais aussi sur ses intentions et ses inspirations. Sept scènes coupées viennent également prolonger l’extase du film, éclairant par ailleurs certaines de ses séquences. Enfin, outre deux bandes-annonces, un court métrage introductif, issu du projet Primitive, complète parfaitement l’expérience visuelle et sonore du long-métrage.

L’image :

L’image paie son support DVD et la compression s’en ressent. On s’en rend spécialement compte lors des scènes de nuit. Les couleurs manquent également d’éclat là où elles auraient explosé dans une version Blu-ray que le film aurait pourtant largement mérité.

Le son :

Le son a bénéficié d’un soin tout particulier pour rendre compte des diverses ambiances du film. Quasi-expérimental à certains moments, son utilisation rappelle parfois celle des films de Lynch. Et heureusement, le 5.1 lui rend grâce. De la même façon, il met remarquablement en valeur les voix des personnages (en VO, la VF est une aberration). On regrette simplement l’absence d’une piste DTS qui aurait offert encore plus de profondeur à la bande sonore.