Notre avis : A la lecture de la quatrième de couverture, on pourrait craindre un quantième livre parlant d’une quantième histoire d’amour adultère. On pourrait également redouter une simple version du sublime film de Wong-Kar Wai, In the mood for love.
Il n’en est pourtant rien. Privilégiant un style sobre, Géraldine Dalban-Moreynas parvient à retranscrire, avec beaucoup de justesse, le quasi sentiment d’urgence amoureuse qui va rassembler ces deux êtres, pourtant heureux dans leur couple.
Lorsque les personnages vont se parler pour la première fois, ils ne sont que deux voisins, dont on ignore pratiquement tout, jusqu’à leur nom. Le choc qu’ils ressentent au plus profond de leur être s’appelle un véritable coup de foudre. Alors qu’ils ne se connaissent pas, la présence de l’un et de l’autre devient vitale, au point qu’ils entament une relation adultère, usant de stratagèmes pour conserver leurs précieux moments volés.
S’effleurer, se toucher, s’embrasser, tous ces gestes qui semblent anodins deviennent pour eux des souvenirs dont la persistance se prolonge, lorsqu’ils sont avec leur compagnon respectif.
Son futur mari à elle, journaliste de guerre souvent absent, l’avait pourtant demandée en mariage, en haut de l’Empire State Building. Son épouse à lui, jeune américaine en pleine reconversion, s’occupe de leur fille. Leur vie semblait déjà tracée, chaque protagoniste étant emmuré dans un bonheur a priori sans failles.
Pourtant, leur rencontre sera comme un électrochoc, une épiphanie.
Malheureusement pour eux, cette liaison ou plutôt cette bulle amoureuse, ne leur permettra pas d’échapper au malheur et en sera parfois même la cause. Comme si cet amour passionnel ne pouvait avoir de fin heureuse. En même temps, comment aurait-il pu en être autrement, quand finalement cette histoire ne concerne pas simplement deux protagonistes... mais cinq ?

La force de cet ouvrage repose sur le processus suivant : alors même que leur relation adultère pourrait être condamnée par le lecteur, ce dernier est en réalité happé par la liaison passionnelle et par l’urgence que les protagonistes éprouvent à être ensemble. Le roman se présente presque comme un journal intime, dans la mesure où l’autrice fait le choix de dater ou du moins de préciser les mois à la fin de chaque chapitre. Comme si dans sa forme même, le texte annonçait déjà que leur histoire ne durerait pas, qu’elle ne serait que quelques chapitres dans leur vie. Le récit est parfois cru : on pense notamment aux scènes de sexe. Elles n’en restent pas moins habilement écrites et cristallisent à merveille la passion qui unit ce jeune homme et cette jeune femme.
En dépit de quelques passages négligés, qui donnent à l’histoire un caractère parfois convenu, ce premier roman parvient globalement à retranscrire, avec force et beauté, l’émotion provoquée par une attirance mutuelle.