Old man Logan . T.3 - La chronique BD

Jeff Lemire s’empare du personnage d’Old Man Logan et s’amuse à le faire se démener avec ses souvenirs. Cet arc atypique qui se situe après les événements de Secret Wars nous offre une variation du Wolverine vieux et désabusé sorti de l’imagination de Mark Millar dans ce qui restera un des comics qui a marqué l’histoire récente de Marvel. Pour totalement saisir le passif du personnage il est évidemment préférable d’avoir lu l’uchronie originale.

Comme souvent le célèbre personnage griffu se bat contre son passé. Depuis sa création, il a été alternativement amnésique, a la recherche de ses origines et dépositaire du souvenir d’un monde disparu. Après House of M, il se retrouve de nouveau à affronter une réalité qui n’est pas la sienne et qui se situe de son point de vue dans un passé alternatif. Libéré du poids de la culpabilité liée à la mort de ses proches, il décide de partir à la recherche de ceux qui pourraient représenter un danger et ainsi s’assurer que l’avenir qu’il a connu ne se réalise jamais.
Cette quête le mène au Japon à la poursuite de Lady Deathstrike, ennemie de toujours qui dans le précédent tome à tenté de tuer la dernière personne vivante chère à ses yeux. C’est alors qu’il est pris au piège par la secte de L’ordre silencieux dont il a déjà croisé le chemin par le passé (ou par le futur, c’est selon).

Quoiqu’il arrive la violence rattrape toujours Logan et son histoire se répète sans cesse. L’auteur, conscient de la redite, joue volontairement avec cet écueil et utilise une habile narration alternée permettant de guider le lecteur pas à pas entre les temporalités. On passe donc du présent aux souvenirs du héros. Dos au mur, il va devoir de nouveau affronter ces hommes et le puissant mutant qui les dirige. Tout se reproduit à l’identique à quelques détails près et pour une fois le vieil homme sait ce qui l’attend. Bien qu’il souhaite éviter la violence, son instinct reprend vite le dessus et c’est l’occasion pour les auteurs de nous offrir une belle tranche de sauvagerie. Du pur Wolverine dans le texte. Les illustrations d’Andrea Sorrentino sont sans aucun doute le point fort de cet album. Son trait réaliste ajouté à un travail très recherché sur les couleurs donnent une tonalité très sombre à l’ensemble. Il faut un peu de temps pour s’y habituer mais c’est particulièrement réussi.

De prime abord, pas évident de s’accrocher à une série qui semble en bout de course après tant de voyages sinueux et de répétitions. Cependant, les auteurs semblent connaître les limites de cet arc et parviennent à tirer profit du contexte. Ils livrent ici le meilleur segment du personnage depuis l’original. Une réussite qui pour une fois n’appelle pas vraiment de suite. Et si on s’arrêtait là-dessus ?