Old Boy (2014) - le test DVD

Les Américains sont sans nul doute les champions du monde en matière de remake, qu’ils se plaisent à réaliser à tour de bras. Pour le meilleur, mais souvent pour le pire. En reprenant à sa sauce le chef d’oeuvre de Park Chan Wook, Spike Lee, réalisateur virtuose et barré, pouvait-il vraiment apporter quelque chose à un film qui n’en avait nul besoin ? Plutôt prenant à défaut d’être cinglant, son remake fait montre d’indéniables qualités visuelles qui renforcent une certaine volonté réaliste. Mais malgré la puissance d’incarnation de Josh Brolin, bête traquée, bête blessée au physique impressionnant, le film ne tient pas la comparaison à l’original et paraît un brin édulcoré, limite grand-guignolesque, évidé de sa fureur primale.

L’argument : Fin des années 80. Un père de famille est enlevé sans raison et séquestré dans une cellule. Il apprend par la télévision de sa cellule qu’il est accusé du meurtre de sa femme. Relâché 15 ans plus tard, il est contacté par celui qui l’avait enlevé...

Tout à la fois chef d’œuvre d’esthétisme glacé et réflexion sur le retour de la bestialité et du refoulé dans une société sud-coréenne en suffocation constante, le Old Boy du génial Park Chan Wook, présenté en compétition officielle à Cannes en 2004, loupe d’un cheveu la Palme d’or, se retrouvant tout de même lauréat du Grand Prix. Atteignant instantanément le statut de film culte et vénéré par toute une génération de cinéphiles et de cinéastes pour son aspect viscéral et sa violence crue, pas étonnant que nos amis d’outre atlantique se soient mis en tête d’en faire un remake. C’est Spike Lee (Jungle Fever, Clockers, Summer of Sam), cinéaste en perte de vitesse depuis l’excellent Inside Man, qui s’est frotté à l’exercice. Et le problème vient sans doute de là. Comment reprendre à son compte, tout en gardant l’essence de l’œuvre, un film aussi personnel et aussi habité sans sombrer dans la caricature ou l’exercice de style. Si Spike Lee parvient, principalement en jouant sur le physique de son acteur et en proposant des scènes de violence moins lyriques que l’original, à donner à son Old Boy 2013 un aspect réactualisé et un ancrage dans la société américaine contemporaine, il perd en route cette beauté du mal et le charme d’une découverte permanente qui faisait du film de Park Chan Wook un objet sans équivalent. Quant à la relation entre l’antihéros et la jeune femme jouée par la valeur montante Elizabeth Olsen, la mayonnaise a du mal à prendre tant leurs relations semblent mécaniques. Un souci de taille puisque le film est tout entier construit autour de ce couple improbable...

La critique : ICI

Les suppléments :
Non fournis avec le Blu Ray test...

L’image :

Une édition de bonne facture malgré une image pas toujours très lisse. Mais le léger grain, surtout présent dans la première partie du film, n’est pas nécessairement désagréable voire offre un certain charme "vintage". L’image, non sujette aux problèmes de saturation, permet d’apprécier le travail sur les couleurs froides et cette volonté de créer une ambiance claustrophobique réaliste. Du coup, les contrastes ressortent bien lorsque l’image devient plus claire, comme lorsque le grand méchant sort de sa piscine d’un bleu irréel. On regrettera cependant une relative sous exposition des personnages dans certaines scènes en extérieur nuit.

Le son :

Une très bonne qualité d’écoute en 5.1 DD. La musique, très importante dans la vision de Spike Lee, peut compter sur des basses puissantes et remplit bien l’espace sans pour autant prendre le pas sur les dialogues. Quant à la minutie apportée aux bruitages, on ne peut que s’en féliciter. Petit regret, même si les dialogues sont parfaitement audibles, ils manquent un peu de relief et ont du mal à venir percuter le spectateur.
La version française est enregistrée moins forte que la VO, et les dialogues s’en retrouvent un peu étouffés, bien que tout à fait compréhensibles. Il faudra juste augmenter le son de quelques décibels salvateurs pour ne pas perdre une miette de cette troublante histoire.