Le 10 mai 2017
Du 26 au 29 avril 2017, le musicien Ori Lichtik a mis en espace sonore le ballet OCD Love de la L-E-V Dance Company fondée par le couple Sharon Eyal et Gai Behar.
- Genre : Opéra, ballet & danse
L'a vu
Veut le voir
Chaque soir dans le Grand Foyer du Théâtre national de la danse Chaillot, le musicien et DJ inspiré suivait sa partition en lui jouant quelques infidélités par l’introduction de variantes selon son inspiration et pour le plus grand bonheur de ses danseurs.
Scène sombre et sobre, un tic-tac irrégulier emplit l’espace. Un violoncelle se cale sur l’horloge et en adoucit le stress.
Une danseuse entre en scène, délimitant son espace, autocentrée sur son nombril, tantôt rétroversé, tantôt projeté en avant, le reste de ses membres à la limite du contorsionniste.
Le corps tout entier de cette dernière tourne autour du souvenir du lien ombilical, mouvements de mains discrets et subtils sur celui-ci comme autant d’amour à porter à son prochain, mais surtout à soi.
- Photo : Gil Shani
Mais soudain le corps devient austère et hyper sexué, étriqué par des mouvements saccadés. Fêlure. Cassures… une énergie furieuse se déploie...
Le nombril dicte sa loi, les danseurs tournent autour de lui et répondent à ses secousse, spasmes, à coup et tensions, le corps semble possédé mais il reste pourtant élastique et fluide.
Le corps prend le temps de s’explorer, le corps et son nombril, le corps et son ventre, le corps et chacun de ses compères, chacun de ses membres.
Toute la tension de l’amour qui se love dans chaque fibre musculaire s’étincelle grâce au jeu extraordinaire des danseurs.
Montée du violoncelle tel un coït heureux de savoir qu’il atteindra l’absolu quand il le voudra, quand il le désirera, et le voilà !
Corps charnier, corps sensible, corps heureux et éperdu, corps jouissif, jamais chorégraphie n’aura autant poussé l’âme de celui-ci.
- Photo : Regina Brocke
Arrive un duo telle une mère et sa fille : on lit dans leurs échanges : Va, Vis et Danse... Deviens celle que tu es ! Entre dualité et bienveillance, l’échange est interrompu par un quatuor frivole sur un rythme ta-ta-poum perturbant l’harmonie de ces deux femmes et elles ne pourront s’empêcher de suivre cette sonorité sourde au détriment de leur propre musique intérieure.
Viens le temps ou la troupe tente de parler. Bouche ouverte, aucun son ne sort.
La jeune fille du duo, les libère et dans une énergie formidable, tous se mettent à danser, le bonheur se lit sur leurs visages. Les musiques se superposent, tambour battant, rythmes envoûtants, hypnotiques, saccades, le son devient métallique.
Un danseur entre en scène, crâne rasé, culotte haute, mais stringuée – excusez du peu – il nous toise en caressant son bonheur ventral. Est-il finalement enceint(e) ou trop bien nourri quand à la fin de son défilé il mime un étouffement ? Un étranglement ?
Toute l’étrangeté et la beauté du monde est là - en tout cas - dans ce ventre maternel masculin.
S’ensuit le combat d’une femme, ses petits poings vers le nombril d’un homme, et qui dézingue à elle toute seule le leader et son cheptel. Au final c’est elle qui en devient le gourou.
- Photo : Regina Brocke
Le ballet s’achève sur les regards que se portent les danseurs, corps immobiles et qui se retrouvent pour une autre danse au son d’un violoncelle apaisé.
Le tic-tac n’est plus là, mais les danseurs en restent les balanciers. Se touchent, se tâtent, se sentent sous leurs mains.
Alors que tout s’est apaisé dans un moment où le public souffle, les chorégraphes en remettent une couche. Une jeune fille est utilisée comme bouclier pour blesser ses compères.
Rien n’est figé dans notre monde, tout bouge, tout change, tout se transforme, tel est pris qui croyait blesser. Les rôles sont interchangeables. L’amour, la haine, l’énervement, la passion, le rejet, l’attirance folle et démesurée, le fulgurance des sentiments, les cris du corps, les sauts de l’âme.
Une chorégraphie qui vous transportera le temps de 55 minutes dans ce qui résume l’univers intérieur propre à chacun de nous.
Sans oublier la scène qui était judicieusement agencée avec une double ouverture de part et d’autre du plateau.
En revanche, dans ce Grand Foyer, pas de pitié pour nos grands fessiers bien mal installés sur des chaises ne permettant pas de bien voir depuis le fond. Alors pour une prochaine disposition dans cette salle, en placement libre, prévoyez d’arriver tôt afin de vous assurer une place proche de la scène.
A suivre OCD 2 avec une pressante envie de découvrir cette seconde partie sous les pas de cette même troupe si viscéralement fusionnelle.
Cocorico, la première mondiale de Love Chapter 2 aura lieu à Montpellier les 6 et 7 juillet 2017 au Festival Montpellier Danse.
Création : Sharon Eyal et Gai Behar
Son et musique live : Ori Lichtik
Lumières : Thierry Dreyfus
Costumes : Odelia Arnold en collaboration avec Rebecca Hyting, Gon Biran, Sharon Eyal, Gai Behar
Danseurs : Gon Biran, Daren Devaney, Rebecca Hytting, Mariko Kakizaki,
Léo Lérus, Keren Lurie Pardes, Shamel Pitts
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.