Le 20 février 2017
Sous des dehors généreux et sincères, ce court documentaire accumule les maladresses et les naïvetés.
- Réalisateur : Alex Ferrini
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Durée : 1h15mn
- Date de sortie : 25 janvier 2017
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Résumé : Remettant en cause le monde qu’ils ont connu jusqu’à aujourd’hui, trois jeunes délaissent leur quotidien et leurs habitudes pour partir en voyage. Cette recherche de la connaissance va changer leur regard mais surtout les amener à découvrir la possibilité d’une autre existence. Une invitation à reprendre les commandes de nos propres vies...
Notre avis : On ne contestera pas, évidemment, la sincérité du réalisateur ; qu’il critique la société de consommation ou proclame l’urgence de se « créer soi-même », nul doute que son combat, vécu, lui tient à cœur. Mais, outre la simplicité du message sur lequel nous reviendrons, la forme elle-même du documentaire, avec ses naïvetés qu’on pense assumées, pose problème : que ce soit la description du monde moderne, filmé en noir et blanc et en accéléré, peuplé de symboles d’une lourdeur déconcertante (les masques, les portables attachés aux mains …), ou la vision idyllique d’une nature uniment bienfaisante, on est gêné, constamment, partagé entre le rire cynique et la désolation. Les cartes postales s’enchaînent, sur des musiques « typiques » ; on passe des fleurs aux dauphins, des insectes aux fruits, avec force couchers de soleil. Ce n’est sans doute pas la meilleure manière de donner à réfléchir que de noyer le spectateur dans une esthétique parfois digne de la publicité.
- Copyright Destiny Films
Reste que le film se veut aussi une réflexion, placée sous le patronage de Pierre Rabhi, mais, après tout, on pourrait aussi invoquer Rousseau, Illich et sa société sans école, le « connais-toi toi même » de Socrate (Platon est, lui, explicitement cité), voir nombre de prédicateurs new-age. Car de ce mélange assez indigeste naît un message plutôt simpliste mais très syncrétique : la société moderne est un poison, il faut se désintoxiquer et trouver sa propre voie, qu’elle soit ou non religieuse. On n’est pas sûr qu’il faille partir en Amérique du Sud pour parvenir à cette conclusion ; on pourrait même objecter méchamment que Souchon, avec sa Foule sentimentale, ne dit pas autre chose, mais que quatre minutes lui suffisent. D’autant que le film a beau être court, il est très répétitif et emphatique : on relèvera par exemple des propos tels que « les enfants sont les plus grands philosophes », « la vie est amour » ou « nous sommes tous UN ». Difficile, avouons-le, d’éviter l’accablement.
- Copyright Destiny Films
Soyons honnête : d’aucuns, sans doute davantage sensibles au message, verront de la fraîcheur dans ce qui nous semble une extrême naïveté. Mais ceux-là remarqueront tout de même que jamais le moindre contre-argument, jamais la moindre nuance, ne viennent approfondir la réflexion. Il y a certes urgence à sauver la planète, tout le monde en convient, mais la voie proposée, outre qu’elle est présentée comme seule possible, frôle constamment la caricature et l’on sourira devant les jus de fruits comme remède universel, pour ne prendre qu’un exemple. On est loin d’une réflexion philosophique réelle, loin même d’un itinéraire spirituel, tant les propos restent vagues et généraux.
Le spectateur bien intentionné sera séduit par les témoignages sincères, par des images insolites, mais demeure une impression d’occasion ratée, celle de partager un voyage initiatique profond.
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