Notorious B.I.G. - la critique

Un portrait trop beau pour être honnête de l’une des plus grandes légendes du Hip Hop américain. A voir pour le son !

L’argument : La vie du célèbre rappeur américain Nostorious B.I.G., mort assassiné à l’âge de 24 ans en 1997.

Notre avis : Ce biopic sur la courte vie de Christopher Wallace, alias The Notorious B.I.G. ou Biggie Smalls ou encore Big Poppa, assassiné à seulement 24 ans dans des conditions non élucidées, a de quoi réjouir les amateurs du MC aux rimes qui tuent et à la voix ouatée imbibée du sang de la rue. Une existence en accéléré, bigger than life, sous l’égide du rêve américain à son paroxysme. Enfant de la balle enrobé et affublé d’un sévère strabisme divergent, élevé par sa mère, dealer à 12 ans, en taule à 17, superstar à 20, six pieds sous terre à 24 et mythe pour l’éternité. Point final. Un schéma malheureusement assez classique pour les stars du Hip Hop dans ces sanglantes années 90. Le film nous rappelle cette période révolue durant laquelle les rappeurs des Côtes Est et Ouest s’agressaient mutuellement à coups de mots puis à coups de balles. Une période d’une tristesse insondable, artistiquement foisonnante mais humainement détestable. Il a fallu que deux géants disparaissent, Biggie et Tupac, en 1997, pour que cette idiotie s’arrête. Trois ans plus tard, le californien Snoop Dogg trempait sa tchatche légendaire dans le bouillon nerveux des new-yorkais du Wu Tang Clan. La guerre était finie, elle a été la plus stupide et la plus meurtrière de l’histoire du show-business.

© Fox Searchlight Pictures

Mais au-delà de cet aspect détestable, il est important de mettre en avant le talent monstrueux de ce bibendum faisant preuve d’une maturité incroyable dans son écriture. Sa mort a sans doute accru sa popularité mais c’est bel et bien son art qui l’a rendu légendaire. Le réalisateur George Tillman Jr le démontre avec un certain bonheur même si l’on regrette de ne pas entendre assez la vraie voix de Biggie. L’acteur et rappeur Jamal Woolard ressemble beaucoup à Wallace mais n’a clairement pas le niveau du point de vue du flow. On regrettera aussi une tendance à s’attarder sur des scènes de la vie privée plutôt insipides, en tous cas loin d’être indispensables à la conduite du récit.
Mais le grief majeur que l’on fera à cette œuvre mineure, c’est son cruel manque d’objectivité concernant Biggie. Produit par la mère du rappeur et par son producteur et ami P.Diddy (anciennement Puff Daddy), le film s’empêtre dans une vision naïve, voire angélique, d’un homme en proie à de nombreux démons, ceux-là mêmes qui ont nourri ses rimes. Il est assez agaçant de voir se dessiner les contours grossiers d’un portrait « orienté » présentant un homme subissant plus qu’autre chose les événements, alors qu’il est loin d’être exempt de tous reproches. La méfiance est de rigueur. Et si jamais elle l’emporte sur votre envie de voir ce long-métrage, laissez au moins vos oreilles se poser sur les deux chefs-d’œuvre du maître, les tristement bien nommés Ready to die et Life after death.

© Fox Searchlight Pictures