Le 2 janvier 2023
Ce récit du retour au pays d’un Napolitain vaut pour sa réflexion subtile sur les démons de l’Italie et l’interprétation nuancée de Pierfrancesco Favino. Mais on reste un peu sur sa faim.
- Réalisateur : Mario Martone
- Acteurs : Pierfrancesco Favino, Tommaso Ragno, Francesco Di Leva, Sofia Essaïdi, Nello Mascia
- Genre : Drame
- Nationalité : Italien
- Distributeur : ARP Sélection
- Durée : 1h57mn
- Date télé : 31 décembre 2023 23:05
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Date de sortie : 4 janvier 2023
- Festival : Festival de Reims 2023, Festival de Cannes 2022
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Résumé : Après quarante ans d’absence, Felice retourne dans sa ville natale : Naples. Il redécouvre les lieux, les codes de la ville et un passé qui le ronge.
- © FDC / Philippe Savoir
Critique : Mario Martone est un réalisateur italien important mais moins prolifique que de célèbres compatriotes tels Marco Bellocchio ou Paolo Sorrentino. Sans doute son activité de grand metteur en scène de théâtre lui a-t-elle donné moins de temps pour se consacrer au septième art. Révélé à la Mostra de Venise en 1992 avec Mort d’un mathématicien napolitain, il a notamment réalisé L’amour meurtri (compétition officielle Cannes 1995) Teatro di guerra (Un Certain Regard 1998), la fresque Noi credevano (Frères d’Italie) (Venise 2010) et Leopardi : Il giovane favoloso (Venise 2014). Ses œuvres s’intéressent souvent à l’Histoire de l’Italie ou sont des biographies (on n’ose employer ici le terme galvaudé « biopic ») de personnalités transalpines. Bien que se déroulant de nos jours, Nostalgia (dont le titre en déjà long) baigne également dans cette dimension historique.
- Mario Spada © Picomedia, Mad Entertainement. Tous droits réservés.
Les années 1970 et 80 sont évoquées à travers les motivations d’un personnage central revenu à Naples après quatre décennies d’absence. Sur les conseils de son oncle, Felice était parti vivre en Égypte alors qu’il n’était qu’adolescent. Marié à une musulmane et ayant refoulé sa jeunesse italienne, il décide de revenir (provisoirement ?) dans son pays natal. On comprend très vite que Felice souhaite vivre en paix avec son passé et qu’un sentiment de culpabilité semble le ronger. Après avoir retrouvé sa vieille mère en fin de vie, il se lie avec un prêtre de quartier œuvrant dans le social, tandis que de furtifs flash-back le montrent très lié à un ami de jeunesse, un certain Oreste Spasiano, devenu aujourd’hui un caïd influent des bas-fonds napolitains. Nostalgia est construit comme un puzzle habile qui permet de cerner progressivement la psychologie de Felice, même si l’histoire possèdera jusqu’au dénouement plusieurs zones d’ombre. Et l’on retrouve dans ce film des constantes du cinéma italien (et de l’Italie en général) : la problématique douloureuse des effets de la Camorra et le souvenir toujours présent des années de plomb.
- Mario Spada © Picomedia, Mad Entertainement. Tous droits réservés.
Le plus réussi dans cette œuvre austère mais accessible est le filmage (de jour comme de nuit) de Sanita, un quartier pauvre de la ville, composé de petites ruelles et de collines, et qui mène ici à un véritable décor de tragédie, mais avec une ambiance distanciée éloignée de tout naturalisme. Dans le rôle de Felice, Pierfrancesco Favino est excellent. On l’avait déjà remarqué dans Le traître de Bellocchio, et il confirme qu’il est l’un des meilleurs acteurs de sa génération. On reste pourtant sur sa faim, surtout au vu de la seconde partie plutôt répétitive, qui peine à dégager une véritable émotion (malgré un scénario riche en tension). L’œuvre souffre aussi de la comparaison avec de nombreux films italiens (classiques ou récents) au sujet plus ou moins similaire, comme Gomorra de Matteo Garrone. Nostalgia est donc un film estimable mais qui déçoit un peu compte tenu de son potentiel narratif et de la personnalité de son réalisateur.
– Sélection officielle Cannes 2022 : en compétition
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