L’appel du scoop
Le 14 juin 2020
Avec Night Call, Dan Gilroy nous entraîne pour une virée nocturne dans l’univers des chasseurs de scoops de Los Angeles. Un film étourdissant porté par la performance stupéfiante de Jake Gyllenhaal.
- Réalisateur : Dan Gilroy
- Acteurs : Jake Gyllenhaal, Rene Russo, Riz Ahmed, Bill Paxton, Michael Papajohn, Kevin Rahm
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Paramount Pictures France
- Durée : 1h57mn
- Date télé : 28 mai 2024 22:30
- Chaîne : TCM Cinéma
- Titre original : Nightcrawler
- Date de sortie : 26 novembre 2014
Résumé : Branché sur les fréquences radios de la police, Lou parcourt Los Angeles la nuit à la recherche d’images choc qu’il vend à prix d’or aux chaînes de TV locales. La course au spectaculaire n’aura aucune limite…
Critique : En traduisant le titre original du film, Nightcrawler, par Night Call, Paramount Pictures tissait d’emblée un lien de parenté avec Drive, ses néons, ses courses-poursuites de cylindrées dans la nuit, sa bande-son électro mémorable et son acteur charismatique en tête d’affiche. La bande-annonce du film abonde par ailleurs dans ce sens, faisant de Night Call une nouvelle aventure nocturne dans les rues de Los Angeles, au risque de confondre le film avec un succédané du long-métrage de Nicolas Winding Refn. Si les deux films partagent en effet la même compagnie de production indépendante, Bold Films, Night Call s’émancipe très rapidement de son modèle présupposé pour occuper une place bien à lui grâce à son scénario original écrit et mis en scène par Dan Gilroy, qui passe ici pour la première fois derrière la caméra. Soutenu par un montage efficace qui rythme l’ascension professionnelle de Lou Bloom au fil de ses escapades à la recherche de scoops toujours plus sanglants, le scénario convainc par ses personnages captivants.
- ©Paramount Pictures France
Interprété avec brio par Jake Gyllenhaal, le personnage de Lou, reporter autodidacte à la nature sociopathe, porte le scénario par ses contradictions, son intelligence et sa curiosité mises au service d’une volonté de réussir à tout prix. L’acteur livre une performance marquante en prêtant au personnage son visage émacié et presque méconnaissable. Les yeux caves, avides de nouvelles vidéos d’accidents et de meurtres susceptibles de lui apporter argent et renommée, Lou découvre le pouvoir des images ainsi que leur impact sur le réel. Consciencieux, travailleur et ambitieux, le personnage de Lou rend cependant difficile une quelconque identification du spectateur tant son caractère arriviste le pousse hors de toute déontologie et de toute morale. Lou est un carnassier, un prédateur aux dents longues, à la caméra vive et acérée. La course à l’image choc nous emporte peu à peu dans la frénésie du personnage, que rien ne semble pouvoir arrêter. Le délire de cet individu marginal et solitaire se trouve d’ailleurs stimulé par un autre personnage fort du film, Nina (interprétée dans un mélange intriguant de dureté et de sensibilité par Rene Russo), directrice des informations pour une chaîne de télévision locale et prête à tout pour se maintenir à ce poste.
- © Paramount Pictures France
À ces interprétations remarquables s’ajoute une photographie saisissante de couleurs, les couleurs de la nuit aux lumières artificielles, magnifiées par le travail du directeur de la photographie Robert Elswit (récompensé par un Oscar pour son travail sur le film There Will Be Blood). Le jeu des éclairages participe ainsi à rendre l’atmosphère tendue de la recherche et de l’attente de Lou et Rick, son acolyte, errant à travers Los Angeles et guettant l’information - ou plus précisément la violence qui l’engendre - dans la nuit. Tout aussi propice à faire progressivement monter la tension, la musique du film, composée avec talent et subtilité par le prolifique James Newton Howard, emporte le spectateur dans l’univers des chasseurs de scoops.
Par tous ces aspects, Night Call affirme son identité propre et s’avère être une expérience cinématographique aussi déconcertante que palpitante, qui ne laissera pas le spectateur indifférent.
- © Paramount Pictures France
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Marla 29 novembre 2014
Night Call - Dan Gilroy - critique
Je suis moi aussi très enthousiaste au sujet du film. Je pense même que Jake Gyllenhaal mériterait l’Oscar. Pour une analyse complète de cette brillante satire des médias : http://marlasmovies.blogspot.fr/2014/11/night-call-pret-tout.html