Etrange épidémie
Le 28 septembre 2011
Ce faux film de genre décalé et minimaliste parvient à inquiéter en décrivant calmement un univers qui se détruit en douceur, sous l’effet d’une prolifération de mini-dysfonctionnements presque imperceptibles.
- Réalisateur : Hiroshi Noshio
- Acteurs : Shôko Kojima, Junji Wada, Mika Tsuzumi, Daisuke Watanabe, Sachie Mishima
- Genre : Science-fiction, Fantastique
- Nationalité : Japonais
- Plus d'informations : http://www.mcjp.fr/francais/cinema/...
- Festival : Kansai : l’autre cinéma japonais
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– Durée : 1h40mn
– Titre original : ナショナルアンセム
Ce faux film de genre décalé et minimaliste parvient à inquiéter en décrivant calmement un univers qui se détruit en douceur, sous l’effet d’une prolifération de mini-dysfonctionnements presque imperceptibles.
L’argument : Un matin, après le passage d’un typhon, une bombe datant de la guerre est découverte dans un chantier. Le lendemain, l’un des employés du chantier se suicide en se jetant sur la route. Dès lors, des crimes inexplicables se succèdent, comme si la ville était en proie à une folie meurtrière.
Notre avis : Le réalisateur Hiroshi Nishio, né en 1974 à Osaka, est l’auteur du texte d’introduction de la rétrospective Kansai - L’autre cinéma japonais qui se déroule à la MCJP du 24 septembre au 27 octobre 2011. Dans son premier long-métrage, tourné hors du circuit commercial,
il s’ingénie à déjouer méthodiquement les attentes d’un spectateur attiré par la vague promesse d’un film de genre, entre policier, film d’horreur et science fiction apocalyptique, en additionnant d’un ton égal les micro événements, insignifiants semble-t-il d’abord, qui perturbent le quotidien de quelques personnages sans lien entre eux, sinon qu’ils habitent la même ville plongée dans un étrange état de quasi léthargie après le passage d’un typhon dont on ne perçoit aucune trace visible.
Le cycliste pressé mais restant immobile au feu vert après le coup d’oeil à l’intérieur de la camionnette qui vient de lui couper la route (aucun contre-champ ne nous révèle ce que voit son regard médusé) ; la petite fille étendue au sol sous les yeux de sa tante devant la balançoire dont la chaîne s’est mystérieusement rompue ; d’inexplicables coupures d’électricité ; la découverte, par une jeune femme à l’air absent, d’un cadavre de trois jours dans les herbes hautes d’un terrain vague : ce ne sont là que quelques uns des curieux dysfonctionnements qui s’accumulent sans avoir l’air de menacer en profondeur le cours normal des choses. En effet, on verra jusque dans les dernières scènes, et malgré l’ambiance de fin du monde, des flux de voiture passer sur les autoroutes aériennes en arrière plan et la caméra prendra le temps de contempler du quai un cargo traversant l’image de part en part.
C’est même avec une pointe de malice que Noshio désamorce le potentiel dramatique des innombrables incidents qui émaillent le film et il cède volontiers à la tentation du rocambolesque et d’un grotesque quelque peu décalé, par exemple lorsque le mari, caché dans le placard, tue avec un parapluie le lycéen, amant de sa femme, ou que, sous une pluie ininterrompue, le couple se débarrasse de ce mort encombrant qui ne manque évidemment pas de réapparaître sous forme de fantôme à l’arrière de la voiture. Mais ces touches d’humour participent de la mise en place d’une atmosphère flottante, pas franchement anxiogène mais quand même doucement inquiétante, qui permettra à la folie de se répandre de manière insidieuse et de prendre le dessus sans que personne, et surtout pas le spectateur, ne ressente la moindre impression de rupture.
Plongé ainsi pendant sa première heure dans une langueur légèrement fiévreuse et quelques peu engourdissante, le film rebondit cependant et connait une accélération de rythme dans une deuxième partie qui sacrifie davantage aux lois du genre et souffre de quelques répliques trop explicites. Il semble même emprunter un moment les voies balisées de l’identification aux rares personnages non contaminés, héros d’une lutte dérisoire et sans doute perdue d’avance contre l’irréfrénable épidémie qui menace de transformer tout le monde en clone tueur lobotomisé : le policier combattant de plus en plus seul, arme au poing et bandeau sur la tête, une force qui le dépasse ; la jeune fille qui rejoint une tribu d’amazones, de survivantes ayant pris le maquis.
Mais aucune nostalgie du monde d’avant ne motive ce combat qui semble sans enjeu véritable dans un univers frappé dès le départ d’irréalité.
On ne niera pas d’ailleurs qu’une certaine gratuité, un côté exercice de style, limite un peu la portée du film mais la mise en scène de National anthem séduit par son minimalisme jamais désincarné, son sens du détail précis qui intrigue et la pointe d’humour qui donne du sel à l’ensemble.
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