Si j’étais un arbre
Le 1er décembre 2011
Cette incursion inattendue de Shinji Aoyama dans le film de genre sent par moments l’exercice de style un rien appliqué mais dégage un charme insidieux de cauchemar ouaté.
- Réalisateur : Shinji Aoyama
- Acteurs : Masatoshi Nagase, Kyoka Suzuki, Rinko Kikuchi, Nene Ôtsuka, Yoshio Harada
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Fantastique, Série télé
- Nationalité : Japonais
- Durée : 1h11mn
- Titre original : namae no nai mori
- Date de sortie : 19 mars 2003
- Plus d'informations : http://www.mcjp.fr/francais/cinema/...
- Festival : Le Cinéma japonais au surnaturel : les spectres de la Japan Horror
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Cette incursion inattendue de Shinji Aoyama dans le film de genre sent par moments l’exercice de style un rien appliqué mais dégage un charme insidieux de cauchemar ouaté.
L’argument : Un détective privé est chargé par un père inquiet de ramener sa fille, en cure dans une maison de repos aux pratiques étranges. Mais la fille refuse de s’en aller.
Notre avis : Après les envoûtants Eureka et Desert moon Shinji Aoyama surprenait en réalisant ce pilote de série télé (Shiritsu tantei Hama Maiku, 12 épisodes ) dans lequel Masatochi Nagase (Mystery train, La servante et le samouraï) incarne un détective privé quelque peu paumé, aux tenues extravagantes et au comportement immature, qui se fait appeler Hama Maiku en hommage à Mike Hammer, le célèbre héros de Mickey Spillane, et manque de piquer une crise de nerfs quand son client persiste à l’appeler M. Yokohama.
Film policier parodique flirtant avec le fantastique, Namae no nai mori est donc une commande qui permet au cinéaste de s’adonner à un exercice de style sans trop se prendre au sérieux. Mais la loufoquerie un rien potache qui se déploie dans les premières scènes et ne perd jamais totalement ses droits par la suite fait place peu à peu à un ton plus grave, l’enquête se transformant même en récit initiatique pour le héros qui va se perdre, et donc se trouver, dans la mystérieuse forêt qui donne au film son titre français.
Le symbolisme qui affleure ici et là (Maiku transformé en arbre dans un rêve récurrent) peut paraître grossier, voire naïf, et le caractère théorique d’un scénario qui laisse beaucoup de questions dans le flou peut irriter : qui est vraiment cette femme gourou (Kyôka Suzuki) au terrifiant sourire et quelle est la vision qui bouleverse tant Maiku dans la forêt ? Mais ces carences participent du charme décalé d’un film que le cinéaste fait même par moments semblant de bâcler délibérément, filmant sans conviction certaines scènes obligées, comme celle où les pensionnaires lobotomisés de la maison de repos forcent au suicide la jeune fille décidée à s’échapper.
Car c’est justement par son caractère flottant et l’espèce de douceur ouatée, proche de la somnolence, qui l’habite que La forêt sans nom parvient à distiller une étrange et insidieuse inquiétude, provoquant chez le spectateur le même état de perplexité et d’hébétude affolée que chez le ridicule et attachant protagoniste.
Si on ajoute qu’Aoyama, authentique cinéaste, sait faire respirer chaque plan d’une fragilité très sensuelle on comprendra que ce téléfilm tourné en vidéo ait fait le tour des festivals et bénéficié, en 2003, d’une sortie dans les salles françaises.
La bande-annonce : ICI
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