Rien que de l’amour !
Le 9 avril 2018
Un film attachant qui retrace le parcours du créateur de Wonder Woman, qui a fait de son héroïne un condensé des deux femmes de sa vie.
- Réalisateur : Angela Robinson
- Acteurs : Rebecca Hall, Luke Evans, Bella Heathcote
- Genre : Drame, Biopic
- Nationalité : Américain
- Distributeur : LFR Films
- Durée : 1h49mn
- Titre original : Professor Marston and The Wonder Women
- Date de sortie : 18 avril 2018
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Résumé : Professeur de psychologie à Harvard dans les années 30, William Marston mène avec sa femme les recherches sur le détecteur de mensonges. Une étudiante devient leur assistante, et le couple s’éprend de la jeune femme. Un amour passionnel va les lier, et ces deux femmes deviennent pour Marston la source d’inspiration pour la création du personnage de Wonder Woman.
Notre avis : Depuis quelques années, les comics et surtout leurs adaptations au cinéma retiennent toute l’attention d’un public qui a besoin, face à un contexte politique angoissant, entre crises économiques, terrorisme et menaces d’une troisième guerre mondiale, de s’inventer des super-héros qui seraient là pour le sauver. Cette recherche de nouveaux repères et de protection fait les choux gras d’Hollywood, qui a bien compris que surfer sur la vague de billets verts que lui apportent Thor, Iron Man ou encore Black Panther pouvait contenter tout le monde, et ce jusqu’à 2022 minimum. Le succès en salles de Wonder Woman a également mis en lumière les préoccupations des spectateurs sur la représentation des femmes, présentées enfin comme des individus forts et capables de se défendre. Ainsi, si la popularité des comics et de leurs personnages n’est plus à démontrer, il semble que le grand public ne sache pas qu’ils ont un jour fait scandale, au point de tomber entre les mains de différents comités de censure qui ont transposé aux bandes dessinées le fameux code Hays qui a tellement marqué le cinéma pendant une trentaine d’années.
Et quand il s’agit de censurer quelque chose, un scénario qui s’articule autour d’un personnage féminin fort et ambitieux comme Wonder Woman est la victime idéale…
- © 2017 Sony Pictures Releasing GmbH
Présenté par la scénariste, productrice et réalisatrice américaine Angela Robinson, qui a notamment collaboré sur The L Word et True Blood, ce nouveau film retrace le parcours du psychologue William Moulton Marston, professeur à l’université d’Harvard, inventeur du détecteur de mensonges et surtout conseiller éditorial pour la société All-American Publications, à qui il a proposé le personnage de Wonder Woman pour contrebalancer l’abondance et l’omniprésence de héros masculins. Féministe convaincu, il voulait proposer à la jeunesse un nouveau modèle de femme forte et indépendante à laquelle les petites filles allaient pouvoir s’identifier. Le long-métrage dresse ainsi le portrait de ce professeur éclairé, intelligent et féministe qui, destiné à une carrière universitaire grâce à ses travaux et ses recherches, a réussi à rebondir et à se lancer dans l’édition suite à son renvoi de la prestigieuse institution qui s’appuyait sur lui et sur sa réputation, avant de savoir qu’il pratiquait le polyamour…
- © 2017 Sony Pictures Entertainment Deutschland GmbH
Si la réalisatrice Angela Robinson aime dépeindre l’homosexualité féminine au cinéma et à la télévision, elle expose ici avec beaucoup de délicatesse une histoire d’amour entre trois personnes : William Moulton Marston, sa femme Elizabeth Holloway Marston et Olive Byrne, une de leurs étudiantes qui va devenir leur maîtresse. Ce que Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir appelaient le "pacte de poly-fidélité" (puisqu’il faut absolument un nom à indiquer sur l’étiquette) sera appelé polyamour dès les années 1960 aux États-Unis. Ainsi, loin de ne s’intéresser qu’à la création de Wonder Woman, le film qui met en scène Luke Evans, Rebecca Hall et Bella Heathcote s’attarde en première partie sur la rencontre entre trois êtres qui vont s’aimer, vivre ensemble et s’épanouir à trois, avant que la société, les autres, ne viennent troubler ce bonheur. Une seconde partie, qui se déroule après le renvoi du couple de chercheurs Marston par des institutions outrées par ce choix de vie, explique comment Wonder Woman s’est matérialisée dans l’esprit de son créateur.
Ce long-métrage de bonne facture, malheureusement un peu lent et inégal est ainsi avant tout le portrait d’une histoire d’amour aussi belle que singulière et montre comment Wonder Woman est le condensé des deux femmes de la vie de William Moulton Marston.
Un peu éclipsé par les deux actrices qui composent cet attachant trio d’amoureux, Luke Evans prête ses traits à ce féministe acharné, qui a su défendre son héroïne face à tous ses détracteurs. Rebecca Hall tient ici son meilleur rôle et apporte une immense tendresse à un personnage parfois cassant alors que Bella Heathcote est lumineuse et maternelle, à l’opposé total de son rôle dans The Neon Demon.
- © 2017 Sony Pictures Releasing GmbH
Le film est également le portrait d’une époque et de l’Amérique d’avant la Seconde Guerre mondiale, à la fois puritaine et ouverte sur le monde, dans le souci constant de ne pas rester sur le bord de la route face à des innovations et des idées nouvelles, sans pour autant accepter les choix de vie de tout le monde. Immersion dans les coulisses des maisons d’édition, il permet également d’assister, presque en catimini, à des réunions qui déterminent ce que le public doit lire et comment il est influencé dès son plus jeune âge.
C’est aussi une manière de rendre hommage au créateur de Wonder Woman, qui s’est sans doute retourné dans sa tombe quand, après sa mort, sa précieuse héroïne a perdu son côté féministe pour exercer des emplois "de femmes", en tant que baby-sitter, mannequin et actrice, loin des combats qu’elle remportait jusqu’alors sous la plume de son créateur, munie de son désormais célèbre lasso. Certes, ce film qui est davantage dans l’exposition que l’action ne changera pas l’idée que le grand public se fait de Wonder Woman, à l’heure où elle peut de nouveau se battre aux côtés des hommes tout en profitant d’une vie de femme moderne et indépendante, comme le désirait William Moulton Marston. My Wonder Women est davantage une réflexion sur la manière dont nous devons et pouvons aimer, loin de la société qui pourrait nous en empêcher. Le beau trio que nous suivons dans ce long-métrage a assumé son choix, jusqu’au bout. A qui le tour ?
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