Le 31 août 2017
- Réalisateur : Károly Makk
- Voir le dossier : Nécrologie
Le cinéaste était l’un des maîtres du cinéma hongrois et avait signé des films mêlant dénonciation politique et recherches formelles.
Si les noms de Miklós Jancsó et Marta Mészaros reviennent souvent quand on évoque l’âge d’or du cinéma hongrois, Károly Makk fut une autre personnalité de premier plan, auréolée de récompenses internationales prestigieuses, et auteur authentique. Il avait débuté en 1944 en tant qu’assistant de Géza von Radvanyi, avant de sortir diplômé de l’École supérieure d’art dramatique et de cinéma de Budapest. Ses films ont souvent fait référence à la situation politique hongroise et il n’a jamais dissocié l’esprit de contestation d’une exigence esthétique, ce qui était courageux compte tenu de la censure qui sévissait dans les pays d’Europe de l’Est des années 50 à 80. Károly Makk a signé une trentaine de longs métrages entre 1953 et 2010, mais les plus célèbres sont ceux deux des années 70.
Amour, Prix du Jury au Festival de Cannes 1971, et restauré en 2016, était un très beau portrait de femmes, témoignage des exactions du stalinisme, et subtil dans sa description des persécutions et humiliations, mais aussi de l’absurdité bureaucratique et des lâchetés du quotidien. Son ton intimiste et ses audaces de montage en faisaient aussi un étalon de la modernité à l’écran. Jeux de chat, sorti en 1974, était de la même veine, et fut nommé à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, tandis qu’Une nuit très morale (1977) confirmait son aptitude à créer des personnages féminins d’exception. On peut aussi citer Un autre regard (1982), qui abordait explicitement le thème du lesbiannisme, et fut récompensé au Festival de Cannes 1982 à travers le prix d’interprétation décerné à son actrice, Jadwiga Jankowska-Cieslak. Károly Makk qui vient de disparaître était âgé de 91 ans.
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