Le 20 janvier 2016
- Réalisateur : Ettore Scola
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Le cinéma italien a perdu l’un de ses maîtres. Cannes, dont il a été l’un des grands fidèles, est particulièrement endeuillé.
Le cinéaste Ettore Scola est décédé à l’âge de 84 ans après deux jours de coma, pour insuffisance cardiaque. Il laisse un grand vide au sein de la culture italienne.
Ce maître du social, salué le jour même de sa mort par le premier ministre Matteo Renzi sur le réseau social Twitter, avait su porter un regard incisif sur la société transalpine, notamment dans le tranchant et trash Affreux, sales et méchants, qui obtint le Prix de la mise en scène à Cannes (1976). Il avait notamment rejoint le parti communiste local et œuvré au ministère de la culture à la fin des années 80.
Prédestiné à se diriger dans le droit et le journalisme, il finit par s’adonner à la passion du cinéma. L’écriture, tout d’abord, pendant dix ans, comme scénariste, pour Dino Risi et Antonio Pietrangeli, par exemple. Il développe un vrai talent pour la comédie. Il passe à la réalisation avec le film à sketches Parlons Femme en 1964, avec notamment Vittorio Gassman.
Avec une quarantaine de films en quarante ans, il se démarque avec des œuvres comme Belfagor le magnifique, avec Vittorio Gassman, Claudine Auger et Mickey Rooney (1966), Drame de la jalousie avec Marcello Mastroianni et Monica Vitti (1970).
La France reconnait son talent sur le tard, dans les années 70, ce qui permet à certaines de ses premières œuvres de ressortir alors sur les écrans de l’époque.
La décade lui est favorable avec le triomphe mondial de deux drames historiques, Nous nous sommes tant aimés (810.000 entrées en 1976 ), et Une journée particulière, avec Sophia Loren et Marcello Mastroianni, boudé à Cannes par le jury, malgré des critiques très enthousiastes, mais succès considérable (1.050.000 entrées en France en 1977). La même année il participe aussi au film à sketches, Les Nouveaux Monstres, en compagnie de Monicelli et Dino Risi. Il s’agit d’une suite des Monstres que Risi avait mis en place seul en 63.
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Une journée particulière
En 1980, c’est l’heure du bilan de la cinquantaine. Il dirige à ce sujet des monstres sacrés du cinéma qui ont tous déjà croisé sa route dans La Terrasse : Ugo Tognazzi, Vittorio Gassman, Jean-Louis Trintignant et Serge Reggiani, entre autres. Le film décroche le Prix du meilleur scénario à Cannes et fonctionne dans les salles (620.000). En 1981, à Cannes, à l’occasion de la présentation de Passion d’amour, romance historique avec Bernard Giraudeau et Valeria d’Obici, le jury lui rend hommage pour l’ensemble de son impressionnante carrière.
La Nuit de Varennes (1982), avec notamment Mastroianni, convole à nouveau vers la reconnaissance du public (460.000), mais c’est le film sans dialogue Le Bal, distribué à la fin de 1983, qui le replace à des sommets populaires : 834.000 curieux, et un César du meilleur réalisateur, partagé avec Pialat pour À nos amours.
Le truculent Macaroni avec Mastroianni et Jack Lemmon sort en 1985. Les Français découvrent La Famille, durant l’été 87. Il s’agit d’un splendide drame familial sur plusieurs générations avec Gassman, Noiret, Fanny Ardant ou Stefania Sandrelli.
Il est sélectionné à Cannes une 9e et ultime fois en 1989 pour Splendor, où il dirige à nouveau son acteur fétiche Mastroianni. Sur fond de fermeture historique de salles de cinéma, il s’agit d’une œuvre nostalgique où il est question d’une certaine façon de la mort du 7e art.
Si Ettore Scola demeure actif dans les années 90 (Quelle heure est-il ?, avec Mastroianni, notamment), il passe soudainement de mode, à l’instar du grand cinéma italien qui se meurt. Fellini décède en 1993. Ce dernier reste finalement davantage dans les esprits de la nouvelle génération de cinéphiles qui connaît peut-être mal cet auteur essentiel du paysage cinématographique italien.
Que sa triste mort restaure à jamais son importance.
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