Le 3 mai 2016
Nimbé de poésie et éclairé du soleil brûlant de Lisbonne, voici un nouveau regard sur ce passage complexe de l’enfance à l’adolescence. Si l’esthétisme du film est incontestable, l’atmosphère éthérée qui l’accompagne nous laisse désemparés.
- Réalisateur : João Salaviza
- Acteurs : David Mourato, Rodrigo Perdigão, Maria João Pinho, Cheyenne Domingues
- Durée : 1h31mn
- Date de sortie : 4 mai 2016
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Nimbé de poésie et éclairé du soleil brûlant de Lisbonne, voici un nouveau regard sur ce passage complexe de l’enfance à l’adolescence. Si l’esthétisme du film est incontestable, l’atmosphère éthérée qui l’accompagne nous laisse désemparés.
L’argument : Un été brûlant à Lisbonne. David, 14 ans, sait que son grand-père va mourir mais refuse de lui rendre visite de peur de le perdre. Sa mère, elle, passe des nuits entières à son chevet. Le vide que laisse déjà son grand-père oblige David à devenir l’homme de la maison. Il sent qu’il n’est pas prêt à endosser ce nouveau rôle, mais sans s’en rendre compte, plus il cherche à éviter la vie d’adulte, plus il s’en rapproche....
Notre avis : L’adolescence inspire décidément le cinéma. Après Mustang, Toto et ses sœurs, Five, West coast, voici le délicat Montanha, premier long-métrage du portugais Joao Salaviza . Lauréat de la Palme d’Or du meilleur court-métrage au Festival de Cannes 2009 avec Arena, il reçut ensuite l’Ours d’or du court-métrage avec Rafa au Festival de Berlin en 2012. Il nous entraîne cette fois dans une expérience à la fois tendre et cruelle, toute auréolée de mélancolie.
Dans une pièce plongée dans une semi-obscurité où seules les palmes d’un ventilateur apportent un peu de mouvement, dort un jeune garçon, torse nu. Il se complaît dans cette léthargie qui lui permet de suspendre le temps et l’espace. Car David, livré à lui-même le plus souvent, passe son temps à fuir : l’école avec qui la rupture est largement consommée, la mort imminente de son grand-père à laquelle il ne peut se résoudre, (ce grand-père qui ne restera que le symbole de son désarroi puisque nous n’aurons aucune image de lui), la rivalité amoureuse avec son ami Rafael à propos de sa voisine Paulinha, cette ville sans vie qui n’est animée d’aucun changement alors que lui se trouve confronté à l’une des plus importantes mutations de son existence. A l’aide de chroniques qui se succèdent les unes aux autres telle une pyramide qu’il qualifie lui-même d’inversée, le cinéaste nous plonge avec une belle sensibilité dans ce monde démuni qu’est celui de son personnage principal, le saisissant David Mourato qu’il filme en gros plans nous permettant de suivre avec précision les pensées et les tourments qui l’anime.
Hormis le talent de ce jeune comédien, le plus bel atout de ce film est sans conteste la belle lumière de Vasco Viana (celui-là même qui a éclairé les courts-métrages de J. Salaviza). Appuyant le contraste du bouleversement intérieur et de la solitude du personnage principal, la lumière tantôt en demi-teintes (lieux désertés, pénombre d’une chambre où l’ado se prélasse souvent), tantôt éclatante quand il s’agit de filmer les grands espaces urbains (lumineuse scène où les flammes dévorent un scooter volé) est le parfait miroir des sentiments ambivalents de ce garçon en passe de devenir un homme. De ce film trop ésotérique pour capter totalement l’attention du spectateur, le cinéaste affirme qu’il marque la fin de son adolescence de cinéma parallèlement à la fin de la véritable enfance de son protagoniste. Alors, comme pour toute nouvelle aventure qui commence, on leur souhaite bonne chance, même si, comme il le dit lui-même, on ne peut jamais être sûr de rien.
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