Hollywood, ton univers impitoyable !
Le 16 juillet 2003
Une plongée dans l’industrie du cinéma et des contraintes de l’écriture scénaristique. John Irving sert de guide.


- Auteur : John Irving
- Editeur : Editions du Seuil
- Genre : Cinéma
- Nationalité : Américaine

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Lorsque l’on est écrivain et qu’on s’appelle John Irving, il y a fort à parier qu’un jour ou l’autre un réalisateur se penche sur vos romans avec l’idée d’en faire un film. Et, évidemment, cela n’est pas sans poser certains problèmes. Ce court ouvrage nous emmène dans les coulisses de la réalisation tumultueuse de L’œuvre de Dieu, la part du diable. De la conception du scénario à la sortie en salles, les embûches sont multiples et les concessions nombreuses. Surtout qu’un romancier voit rarement les choses de la même façon que les majors hollywoodiennes. Irving avait choisi dès le départ de s’impliquer dans cette transposition. Mais comme il le constate, "pendant tout le temps que j’avais consacré au scénario de L’œuvre de Dieu, la part du diable, avec trois réalisateurs différents, j’aurais pu écrire un roman".
Car l’industrie du cinéma n’a pas grand-chose à voir avec celle de l’édition. Et l’écriture romanesque se situe à mille lieues de celle des scénarios. Au cinéma, on a pas le temps de creuser, de fonder, de fouiller l’aspect psychologique des personnages. Alors il faut, grâce à une scène bien amenée, tenter d’exposer le maximum d’informations en un minimum de temps. Et couper, couper encore, tailler dans le texte, supprimer un maximum de scènes... Au cinéma, le temps c’est vraiment de l’argent !
L’aspect commercial est celui qui prime. Pour preuve, le chapitre où Irving évoque la conception de l’affiche du film. Là où un écrivain possèdera bien souvent le dernier mot (ou aura, en tout cas, son avis à donner) pour la couverture de son livre, inutile d’y penser au cinéma : "Imaginez que vous écriviez un roman, et qu’il vous faille laisser à quelqu’un d’autre le soin de concevoir la jaquette, sans votre approbation. Mais c’est ainsi, dans l’industrie du cinéma. S’en plaindre serait peine perdue."
De façon plus générale, Irving s’interroge sur les difficultés qu’a pu engendrer l’adaptation de ses romans au cinéma, plus ou moins réussies il faut bien l’avouer. Ce qui lui fait dire qu’il préférera toujours son métier d’écrivain, beaucoup moins contraignant, à celui de scénariste. Une plongée dans les réflexions d’un romancier, toujours aussi talentueux et intéressant, qui voit son œuvre lui échapper. Et qui donne surtout envie de la relire !
John Irving, Mon cinéma (My movie business. A memoir, traduit de l’anglais (États-Unis) par Josée Piazza-Kamoun), Seuil, 2003, 181 pages, 18,50 €