Métal hurlant
Le 21 juin 2006
Un documentaire instructif, à défaut d’être original, sur un courant musical rarement mis en avant.
- Réalisateurs : Sam Dunn - Scott McFadyen
- Acteurs : Tom Araya, Bruce Dickinson, Alice Cooper
- Genre : Documentaire, Musical
- Nationalité : Canadien
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– Durée : 1h36mn
– Titre original : Metal : a headbanger’s journey
Un documentaire instructif, à défaut d’être original, sur un courant musical rarement mis en avant.
L’argument : En 1986, le heavy metal devint la musique la plus populaire à travers le monde, et un peu partout, les ados portaient les cheveux longs et faisaient le signe des cornes du diable. Mais ça n’était pas du goût de tout le monde. Les musiciens de Metal furent accusés de pousser les jeunes au suicide ou au meurtre. le heavy metal était le nouveau démon à abattre, et les fans de metal mis au ban de la société...
Notre avis : Attention la bête est de retour ! Avec ses longs poils gras, son pantalon en cuir moulant, ses cordes vocales saignées au rasoir et son maquillage outrancier. Je veux bien sûr parler du metal, style musical popularisé par Black Sabbath dans les années 70 et ridiculisé il y a peu par la victoire du groupe nordique Lordi au concours de l’Eurovision. Entre l’avènement du combo d’Ozzy et les jérémiades des pantins échappés de Spinal tap, le metal a eu le temps de créer sa légende et de fédérer des millions de fans à travers le monde. Son histoire est enfin consignée sur pellicule grâce à Sam Dunn, jeune anthropologue marqué à vie par ce que certaines personnes bien-pensantes appelaient la "musique du diable".
Pour nous faire pénétrer dans ce monde très codifié, Dunn se met lui-même en scène et parcourt une grande partie du globe pour aller à la rencontre des différents acteurs du mouvement, tout en nous retraçant schématiquement l’histoire du metal. Ce procédé, allié à la pertinence et l’humour des interviewés, permet de suivre avec intérêt le développement de la réflexion du réalisateur. Une réflexion qui vise juste lorsqu’elle aborde l’aspect folklorique du metal et son effet cathartique indéniable. La musique metal et ses paroles traitent en effet des thèmes et des sensations qui suscitent chez l’être humain un sentiment d’attraction/répulsion très fort (la transgression morale et sexuelle, la violence, le diable et bien sûr la mort).
Ecouter du metal revient à côtoyer le danger, tutoyer les démons et satisfaire ses pulsions les plus diverses tout en étant conscient qu’il ne s’agit là que d’un jeu. Comme le dit Alice Cooper : "C’est Halloween !" Les déguisements carnavalesques de la majeure partie des groupes en sont la meilleure preuve. Une fois ce fait acquis, il est difficile de ne pas sourire devant la pudibonderie exacerbée des ennemis du genre. Mention spéciale pour Tipper Gore, la femme de l’ancien vice-président des Etats-Unis, et sa croisade anti-chevelus.
Malheureusement le procédé de Dunn a ses limites. Est-ce dû à sa formation universitaire ? En tous cas l’exercice tourne vite à la démonstration scolaire. On a l’impression d’assister à un cours initiatique développé par thèmes, à un travail historique sérieux et intéressant mais terriblement froid et plat. A aucun moment le réalisateur ne parvient à nous transmettre le feeling qui fait "se dresser les poils de la nuque", comme il dit. Mais ce qui agace le plus, c’est cette propension à toujours poser le metal en victime. Cette musique est loin d’être la seule à avoir été marginalisée et même les Stones et David Bowie faisaient peur aux parents. De plus, si l’emploi de la musique classique comme argument d’autorité pour donner du crédit aux prouesses techniques des métaleux est effectivement irréfutable, c’est oublier tout de même le fait que la technique n’est pas une garantie absolue du plaisir musical. A l’évidence, Sam Dunn a beaucoup souffert du mépris engendré par sa passion pour le metal, lui qui se sent obligé de nous rappeler qu’il a fait une thèse d’anthropologie, comme pour nous signifier que les fans de cette musique ne sont pas tous des abrutis finis. Merci pour l’info.
Au final, ce documentaire ne brille donc que par son caractère instructif. Le reste est un problème de représentation de la musique. Un problème toujours aussi récurrent au cinéma, malgré Godard et Pennebaker.
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