Mes frères et moi - Yohan Manca - critique

Copyright David Koskas - Single Man Productions

Critique : Les Choristes, version banlieue ? Pas le genre de Mes frères et moi, plutôt à distance de la fable édifiante, même lorsqu’il s’attarde sur la rencontre d’un enfant impacté par la pauvreté d’un quartier et d’une jeune prof de musique qui propose des séances sur la base du volontariat, pendant les vacances, dont le long métrage documente la teneur étymologique : en effet, durant ces semaines où l’oisiveté est proverbialement la mère de tous les vices, Nour cherche la voie qui lui permettrait de quitter un environnement peu conforme à ses aspirations. Avant même qu’il ne rencontre Sarah, l’enseignante dévouée, mais jamais pontifiante, le garçon avait élu les extases corporelles induites par la musique classique plutôt qu’une forme de fidélité aux réalités concrètes, où la démonstration de force vaut comme gage de subsistance individuelle. A cette inclinaison, le protagoniste demeure fidèle jusqu’à la fin, jusqu’à la dernière phrase qui sonne comme la promesse d’un projet émancipateur, au grand dam de ses frères, trois grands gaillards construits dans une certaine idée de la débrouille, aux franges de la légalité, tandis que, de son côté, la figure tutélaire de la mère n’en finit pas d’agonir dans sa chambre.
Chronique sociale, traversée de moments cocasses et de scènes plus âpres, Mes frères et moi ne réinvente pas le genre du film initiatique. On le souhaiterait parfois plus "kéchichien", moins éloigné de toutes ces anatomies traversées par une consistance vitale. Mais il a le mérite de tenir globalement la morale en respect, malgré quelques écarts, pour documenter d’une manière crédible l’itinéraire d’un enfant en pleine recherche de lui-même.

Copyright David Koskas - Single Man Productions