Le 6 janvier 2024
Ce récit d’une communauté religieuse sous l’emprise du démon est une œuvre majeure du cinéma polonais, qui donne envie de (re) découvrir les films de son auteur.
- Réalisateur : Jerzy Kawalerowicz
- Acteurs : Lucyna Winnická, Mieczyslaw Voit, Franciszek Pieczka, Anna Ciepielewska, Maria Chwalibóg
- Genre : Drame, Épouvante-horreur, Noir et blanc
- Nationalité : Polonais
- Distributeur : Tamasa Distribution
- Editeur vidéo : Malavida
- Durée : 1h50mn
- Reprise: 10 janvier 2024
- Titre original : Matka Joanna od aniolów
- Date de sortie : 7 juin 1961
- Festival : Festival de Cannes 1961
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Résumé : Pologne, XVIIe siècle. Le père Suryn est envoyé comme exorciste dans un cloître dont les sœurs seraient possédées par divers démons. Plusieurs exorcistes s’y sont succédé sans résultat. Garniec, le curé et confesseur de la communauté, accusé de sorcellerie, est mort sur le bûcher peu de temps auparavant. À son arrivée, Mère Jeanne, la supérieure du couvent, provoque d’emblée le religieux.
Critique : Coécrit avec Tadeusz Konwicki et Jaroslaw Iwaszkiewicz, Mère Jeanne des anges est le plus célèbre film de Jerzy Kawalerowicz. À l’instar de celle de son compatriote Andrzej Munk (La passagère), l’œuvre du réalisateur fut à une époque estimée à sa juste (et grande) valeur, avant de tomber dans un relatif oubli, au profit des films de Wajda, Polanski ou Kieślowski. La fascination exercée par Mère Jeanne des anges est l’occasion de réévaluer un auteur majeur, et (re) découvrir sa filmographie, qui comprend notamment les remarquables Train de nuit (1959) et Pharaon (1966). Inspiré par l’histoire des Ursulines "possédées de Loudun" (1632-37), le scénario ne cherche pas la reconstitution et la précision historiques, et pas uniquement en raison de la transposition dans le cadre d’un couvent polonais. Le cinéaste, proche de la démarche de Dreyer ou Bergman, a tenté de percer les mystères de l’âme humaine, et les ambivalences de personnages pris par des passions qui les dévorent.
- © 1961 Film Polski Film Agency, ZRF « Kadr » / © 2024 Tamasa Distribution. Tous droits réservés.
Kawalarowicz déclarait ainsi dans le Monde à la sortie du film : « J’ai voulu, avant tout présenter une œuvre humaine ; ouvrir un débat sur la position matérialiste et la position idéaliste ; réagir contre les mensonges, les conformismes et les dogmatismes de toutes sortes. Mes personnages ne sont pas des représentants de la religion, mais des hommes ou des femmes portant des costumes ecclésiastiques stylisés, et qui évoluent dans un paysage abstrait, de façon à laisser entendre leur caractère symbolique ». Il est clair que son film, loin des canons du réalisme socialiste, ne fut guère soutenu par les autorités politiques, d’autant plus qu’un sous-texte anticommuniste pouvait y être lu, par sa dénonciation des dogmatismes. Par ailleurs, le Vatican apprécia peu ce récit des amours entre une mère supérieure possédée et un prêtre qui se montrera peu catholique dans ses intentions...
- © 1961 Film Polski Film Agency, ZRF « Kadr » / © 2024 Tamasa Distribution. Tous droits réservés.
Rien n’est pourtant explicitement asséné dans Mère Jeanne des anges qui opte pour la parabole du conte. On est en outre subjugué par la beauté du noir et blanc (photo de Jerzy Wójcik) dont l’usage expressionniste établit notamment le contraste entre l’ordre et l’amour, la raison étriquée et la folie libératrice. L’œuvre est par ailleurs bien servie par son actrice principale, Lucynna Winnicka (alors épouse du cinéaste) dans le rôle-titre, beaucoup plus sobre que Linda Blair dans L’exorciste. Le film remporta le Prix spécial du Jury au Festival de Cannes 1961. Dix ans plus tard, Ken Russell proposera sa vision du même fait historique avec Les diables. Les deux longs métrages auraient d’ailleurs leur place dans un panthéon des récits de tourments dans les couvents, entre Les anges du péché, Le narcisse noir, La religieuse, Thérèse et Benedetta.
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