Le 1er mai 2024
Un documentaire résolument optimiste qui casse une bonne fois pour toutes, les stéréotypes affreux qui circulent sur l’immigration en France et en Europe. Sans doute un film d’intérêt général pour tous ceux qui douteraient encore de l’apport inestimable des jeunesses migrantes pour notre nation.
- Réalisateur : Laurent Rodriguez
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : Moonlight Distribution
- Durée : 1h33mn
- Date de sortie : 1er mai 2024
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Résumé : Sara, Hasan, Ghaith et Khairy ont une vingtaine d’années et sont étudiants à Paris. Arrivés de Syrie, il y a six ans, ils ont le statut de réfugiés. Dans la maison de campagne de leur ami et professeur à l’Université Paris 1, Emmanuel, ils se souviennent de leur vie d’avant, du voyage et des débuts de leur nouvelle vie en France. Sont-ils toujours ceux qu’ils étaient en Syrie ou se sont-ils réinventés avec l’exil ?
Critique : Ils arrivent d’un monde en guerre, la Syrie, où le futur est compromis par un régime autoritaire et arbitraire. Ils ont fui, sans la possibilité de faire retour en arrière. Ils sont accueillis depuis six ans par un ami, professeur d’université, qui a à cœur de faire de la France un modèle d’accueil et de tolérance pour tous ceux que la vie a précipités sur le chemin de l’exil. Même si tu vas sur la Lune est un film qui tente de rendre compte à travers quatre portraits, des façons dont le parcours migratoire imprime des identités nouvelles, à la fois pour celles et ceux se réfugiant en France mais aussi pour les Français qui les accueillent. L’apprentissage de la langue française n’est pas seulement un moyen de communiquer : c’est pour eux une manière d’élargir leur vision du monde, leurs idéaux politiques, et de faire coïncider leurs référentiels de compréhension de la vie avec ceux qui les adoptent à Paris.
Le documentaire alterne des récits individuels où les quatre protagonistes anonymes témoignent de leur parcours d’exil et de la manière dont ils se sont acculturés à leur terre d’accueil, avec des scènes de la vie quotidienne. Le professeur ne fait pas qu’enseigner la langue française, il rend perceptible un projet d’humanité où le partage de la vie avec des personnes issues de l’étranger est une chance pour tout le monde. La question particulière de la Syrie est abordée avec beaucoup de pudeur par les quatre personnes qui font part à la fois de la nécessité qui a été la leur de quitter leur pays de naissance et du regret de ne pas avoir pu survivre auprès de leurs proches. D’autres personnes immigrées s’invitent dans ce récit pluriel où les protagonistes peu à peu deviennent moins des exilés que des jeunes comme tout le monde, passionnés de politique, d’amour et assoiffés de connaissance.
- Copyright Moonlight Films Distribution
Les étudiants s’exposent devant la caméra avec beaucoup de courage. Non seulement, ils dépassent leur statut de réfugiés politiques mais ils s’autorisent à critiquer le système français lui-même, dans ses imperfections administratives. Ils racontent les transformations identitaires qui accompagnent leur exil en partageant à des enfants ou d’autres étudiants le choc de la guerre et de la fuite. Pourtant, même quand ils se confient sur la barbarie du régime syrien, l’émotion semble vidée des visages. Laurent Rodriguez ajoute des dessins, seuls capables de rendre compte de la violence, de la peur qui assaillissent la Syrie. Le choc véritable demeure peut-être l’obligation pour ces jeunes de revendiquer leurs origines, tout en tentant de faire oublier qu’ils sont réfugiés. Leur jeunesse apparaît comme la meilleure des armes pour se réinventer une existence et donner sens à un futur qui ne sera plus jamais syrien, mais pas tout à fait français non plus.
Même si tu vas sur la Lune ne cherche pas à provoquer l’émotion plus que de mesure chez le spectateur. Le film raconte d’abord la difficulté à se définir en dehors des catégories dans lesquelles nous avons tendance à enfermer les autres. On peut exister comme musicien, étudiant, bien sûr, mais toujours l’image des origines revient dans le regard d’autrui. La caméra de Laurent Rodriguez semble en totale empathie avec le destin de ces jeunes gens, lui-même ayant connu chez ses aïeux la fuite du franquisme. En réalité, le documentaire est un récit universel sur la jeunesse, la capacité à dépasser le pire pour s’envisager dans une existence nouvelle.
- Copyright Moonlight Films Distribution
Même si tu vas sur la Lune constitue un documentaire assez classique dans son formalisme. L’alternance entre le noir et le blanc et la couleur, l’introduction de dessins animés ne suffisent pas à renouveler vraiment le genre. Le propos est assez linéaire, voire descriptif, et s’obstine parfois à répéter en boucle la difficulté pour ces jeunes gens à se créer une identité nouvelle. Pour autant, voilà un film qui devra réconcilier toutes celles et ceux qui doutent de l’apport inestimable que les étrangers offrent à la France en lui apportant ses visions du monde. Surtout, le film donne à voir une jeunesse féconde, déterminée, très loin des archétypes absurdes du migrant égoïste, venu pour quémander des allocations.
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