Rosebud
Le 13 juillet 2010
Une œuvre aboutie à la gloire d’Orson Welles et du théâtre, menée par des acteurs alertes et un intelligent sens de la mise en scène.
- Réalisateur : Richard Linklater
- Acteurs : Claire Danes, Ben Chaplin , Kelly Reilly, Zac Efron, Christian McKay, Eddie Marsan, Zoe Kazan
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h47mn
L'a vu
Veut le voir
Une œuvre aboutie à la gloire d’Orson Welles et du théâtre, menée par des acteurs alertes et un intelligent sens de la mise en scène.
L’argument : New York, 1937. Richard Samuels, un jeune étudiant, tente sa chance afin d’obtenir un petit rôle dans l’adaptation théâtrale de « Jules César », mise en scène par le jeune Orson Welles. En une semaine magique, Richard va faire ses débuts à Broadway, trouver l’amour auprès d’une femme ambitieuse et côtoyer la part sombre du génie après avoir eu l’audace de s’opposer à l’impérieux et brillant Orson Welles.
Notre avis : A travers le parcours d’un étudiant fasciné par Orson Welles, Richard Linklater dresse un portrait honorifique du maître de l’âge d’or du cinéma hollywoodien. Le réalisateur a étudié en profondeur les œuvres et la personnalité du cinéaste de Citizen Kane et l’on peut dire sans peine, puisqu’aucun narrateur ne guide le récit, que le « Me » de Me and Orson Welles désigne autant Linklater que le jeune héros de son film. Néanmoins, si son admiration est palpable, elle n’est pas dénuée de sens critique puisqu’Orson Welles est dépeint dans toute sa splendeur et ses excès. Ses accès de colère, partie intégrante du personnage, accompagnent sa créative et son exigence artistique - le rendant à la fois ingénieux et solitaire.
Pour redonner vie à ce mythe du cinéma, il fallait choisir un acteur charismatique ; le choix de Christian McKay se révèle tout à fait judicieux. En effet, le comédien, quasiment inconnu, a repris les expressions de Welles, mais la finesse de son interprétation évite la simple transposition et la surenchère. Face à lui, Zac Efron, tout en douceur et détermination, incarne clairement la figure d’Orson Welles jeune. Linklater n’a pas mis en scène deux personnages - Welles et son protégé - mais une seule et même personne, à des étapes différentes de sa vie. Welles incarne le présent, le meilleur de ce qui se fait en matière de mise en scène aux Etats-Unis, à la fin des années trente (époque où se situe le récit). L’étudiant, lui, perpétue la mémoire du parcours artistique de son maître à penser - peut-être vaudrait-il mieux écrire « maître à jouer » - en s’appuyant sur sa carrière pour créer la sienne qui, au vu de sa persévérance, s’annonce brillante : les personnages de Christian MacKay et Zac Efron, physiquement proches, se fondent en un.
Si l’on connait tous Welles cinéaste, son expérience en tant que metteur en scène de théâtre est quelque peu méconnue. La décision de Richard Linklater de s’attarder sur cet aspect de son travail n’est pas anodine car cela lui permet de montrer l’entièreté de la personnalité du génie. Le rapport au cinéma marque une mise à distance tout d’abord par la caméra, puis par l’écran, alors qu’au théâtre, les rapports sont frontaux, les acteurs sont face au public. Me and Orson Welles présente ce dernier au sommet de son exigence, ne pouvant admettre l’humiliation d’un échec public et malmenant sa troupe pour obtenir d’elle le meilleur. Pour contrebalancer l’exubérance du personnage, Linklater a produit un montage classique, aux transitions sèches. Ainsi, il est possible de ne s’intéresser qu’à la complexité de cet ambitieux protagoniste... qui interprète sur scène Jules César.
Nous assistons alors à de longues séquences de théâtre filmé. Le procédé aurait pu s’avérer ennuyeux mais la vivacité de la caméra, les différents angles de prise de vue, le choix de plan de coupe fait de Me and Orson Welles une « nuit américaine théâtrale ». Richard Linklater rend un hommage magistral au théâtre en plaçant le spectateur là où il ne peut jamais se trouver, c’est-à-dire sur les planches et aux côtés du metteur en scène. Ajoutez à cela que celui-ci se nomme Orson Welles et l’on ne peut que conclure que Linklater a réalisé un film des plus aboutis, magnifiant et exploitant avec habileté l’art de la représentation dramatique.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.