Le 4 mars 2021
Si vous rêvez de villégiature en ces temps de confinement, le musée des Beaux-Arts de Lausanne présente l’œuvre du nabi Maurice Denis, peintre réputé pour avoir su, dans le style novateur de son époque, traduire le bonheur des plages bretonnes. Les enfants qui s’amusent au bord de l’eau ou se jouent des vagues, l’aise des vêtements ballotant au vent, la nature autrefois sauvage des côtes bretonnes s’assemblent sous le pinceau du maître. Ce livre qui en est le catalogue permet d’apprécier l’ensemble en distanciel et invite au retour à la liberté.
- Auteur : Maurice Denis
- Editeur : Hazan
- Genre : Art & Culture
- Nationalité : France
- Date de sortie : 10 février 2021
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
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Résumé : Catalogue officiel de l’exposition Maurice Denis. Amour au musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, du 12 février au 16 mai 2021, organisée en partenariat avec le musée d’Orsay, Paris. Maurice Denis (1870-1943) est un peintre et un théoricien incontournable de l’art moderne français au tournant du xixe au xxe siècle. Au-delà de son célèbre mot d’ordre de 1890, « Se rappeler qu’un tableau – avant d’être un cheval de bataille, une femme nue, ou une quelconque anecdote – est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées », la richesse de sa production picturale et l’abondance de ses écrits dévoilent l’ambition d’une vie entièrement consacrée à l’art, à l’amour et à la religion. Le présent ouvrage retrace les multiples facettes de ce parcours original et captivant, jusqu’à la Première Guerre mondiale. La réunion d’un riche corpus d’œuvres commentées montre l’évolution rapide du style de l’artiste, des expérimentations plastiques inédites du « Nabi aux belles icônes » jusqu’à l’expression par l’harmonie des formes et des couleurs des œuvres symbolistes, puis la quête tout aussi audacieuse d’un nouveau classicisme. Confiés à des spécialistes, les essais publiés dans cet ouvrage réévaluent la place de Maurice Denis dans son temps : sa volonté de créer des images modernes poétiques et musicales, toujours ancrées dans la nature et dans la vie quotidienne ; son dialogue avec les exemples de Pierre Puvis de Chavannes, Paul Gauguin, Paul Cézanne et Henri Matisse ; sa participation à la revalorisation des arts appliqués aux côtés de ses amis nabis, et sa confrontation avec la grande décoration murale ; enfin, les sources d’inspiration constantes que furent son épouse Marthe et ses enfants, les forêts de Saint-Germain-en-Laye et les plages de Bretagne. Cet ouvrage se compose de sept essais confiés à des spécialistes de l’artiste et de la période : Fabienne Stahl, chargée de la valorisation et du rayonnement des collections, musée départemental Maurice Denis, et Catalogue raisonné Maurice Denis {{L’itinéraire de Maurice Denis jusqu’en 1914}} Jean-Paul Bouillon, professeur émérite d’histoire de l’art, Université Clermont-Auvergne {{Maurice Denis théoricien, 1890-1914}} Isabelle Cahn, conservatrice générale des peintures, Paris, musée d’Orsay {{Maurice Denis. Le Nabi aux belles icônes}} Pierre Pinchon, maître de conférences en histoire de l’art contemporain, Aix-Marseille Université {{Maurice Denis au temps du symbolisme, 1885-1897}} Guillaume Ambroise, directeur du musée des Beaux-Arts de Quimper {{Une Terre promise, la Bretagne de Maurice Denis}} Catherine Lepdor, conservatrice en chef, musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne {{Maurice Denis. À la recherche du tableau perdu}} Claire Denis, Catalogue raisonné Maurice Denis {{Maurice Denis et la Suisse}} Sont reproduites dans une seconde partie quatre-vingt-dix œuvres majeures de l’artiste, des peintures et des estampes réunies pour l’exposition, en provenance des collections du musée d’Orsay, de musées français et européens, et d’importantes collections particulières ; quarante commentaires d’œuvres proposent des arrêts sur image.
Critique : Théoricien des nabis, groupuscule d’artistes se parant d’un nom ésotérico-égyptien, dissident des courants officiels, Maurice Denis proclame qu’il faut, dit-il, "se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées". Sur la base de ce mantra sidérant qui interroge déjà son époque, on imagine aisément qu’un livre, ce sont des formes noires sur un papier blanc, ou que des mots soient avant tout des sons provenant des cordes vocales. Cette provocation de la part d’un homme érudit entend cautionner l’abandon de la représentation mimétique et la naissance de l’abstraction. Mais que fait-il alors s’il ne s’agit plus de représenter le monde tel qu’il est ou tel qu’il aimerait qu’il soit ? Il mène un art de l’exploration, souhaitant être touchant, en exerçant une liberté dans l’emploi des couleurs et la simplification des formes, comme ses femmes volant entre les troncs des pins dans un ciel rose. Des compositions sans plus d’invention sur le fond que dans certaines toiles religieuses représentant des grappes de vestales montant au ciel. En réalité, son inspiration est plutôt réaliste si le rendu ne l’est pas. On peut même dire qu’elle est familiale, domestique, populaire. Maurice Denis s’empare de ce désengagement à la fidélité des modèles pour explorer tantôt une adaptation à la Gauguin du symbolisme chrétien, tantôt du plaisir de la contemplation des femmes idéales et des jardins édéniques.
- Maurice Denis , Baigneuses (Plage au petit temple), 1906 Huile sur toile, 114 × 196 cm Lausanne, musée cantonal des Beaux-Arts, acquis avec la participation de l’Association des Amis du Musée en 1996
Il se proclame néo-traditionnaliste et, peu à peu, s’éloigne de son indigent et opportuniste corpus théorique, ainsi que de Paris, pour s’autoriser des emprunts à ses pairs italiens autrefois reniés. Son art, qui use des aplats stylisés, reprend maintenant, par endroits, des semblants de modelés naïfs, notamment dans le rendu des visages ou des corps nus des personnages.
Charmé dans son enfance par Perros-Guirec, puis lors de ses vacances, bouleversé par le renouveau pictural entrepris par Gauguin et l’école de Pont-Aven, non loin, il fréquente, puis s’établit en Bretagne. Il y fait l’acquisition de la villa Silencio, une haute et costaude bâtisse d’inspiration médiévale, de laquelle il peut profiter des couchers de soleil sur la mer. Tous les étés, il y trouve un épanouissement personnel avec Marthe, sa femme, de nombreuses fois son sujet, et leurs enfants. Ce bonheur est exprimé dans ses peintures qui montrent les plages de la côte de granit rose, celles qui s’étendent de Trégastel à Troguéry, en passant par Port-Blanc. Dans cet Eden inspirant, il vise à pénétrer l’expression de la nature et rendre l’éclat du soleil par ce qu’il nomme ses "boues colorées", ses huiles. Cette intention de partage enthousiaste et charitable avec le spectateur se ressent en force et en douceur.
- Maurice Denis, Régates à Perros-Guirec, 1892 Huile sur toile marouflée sur carton, 42,2 × 33,5 cm Paris, musée d’Orsay, acquis par dation en 2001 Dépôt au musée des Beaux-Arts de Quimper Photo © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay)
La présentation des œuvres est très bien mise en page, les nombreux commentateurs sont pertinents. Un poil trop d’histoires et d’anecdotes probablement, en comparaison de l’importance de l’image, mais c’est une agréable promenade. Six auteurs c’est aussi un peu beaucoup, mais n’est-ce pas là une manière de faire valoir un peu plus la réputation de l’artiste ? N’est-ce pas là aussi une manière d’exprimer l’engouement de tous ceux qui ont contribué à cette exposition ?
A voir. à lire, en rêvant des inspirantes Côtes-d’Armor.
192 pages - 29.95 €
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