Le 14 avril 2013
Baigné par une belle photo donnant un cadre faussement rassurant à un drame personnel et familial ce film révéle un style singulier malgré les références dont il est nourri.
- Réalisateur : Sean Durkin
- Acteurs : Brady Corbet, Hugh Dancy, Sarah Paulson, Elizabeth Olsen
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Twentieth Century Fox France
- Editeur vidéo : Fox Pathé Europa
- Durée : 1h41mn
- Titre original : Martha May Marcy Marlene
- Date de sortie : 29 février 2012
- Festival : Festival de Cannes 2011
Résumé : Après avoir fui une secte et son charismatique leader, Martha tente de se reconstruire et de retrouver une vie normale.
Critique : Subtil et suggestif, ce premier long métrage explore l’univers mental de Martha, une jeune femme qui a fui une secte dans laquelle elle vivait recluse pour se réfugier chez le couple très « middle class » formé par sa sœur et son beau-frère. L’apparente sérénité dans laquelle elle semblait vivre (un ersatz de communauté campagnarde hippie cachant les pires déviances) fait écho au cocon protecteur de sa nouvelle famille, plutôt inquiète de recueillir une proche parente qui cache délibérément la vérité sur ses deux années de fugue. Martha (troublante Elizabeth Olsen) ne trouve pas la quiétude qu’elle méritait mais est bien au contraire rattrapée par ses démons et une paranoïa traumatique.
- Copyright Twentieth Century Fox France
Baigné par une belle photo donnant un cadre faussement rassurant à ce drame personnel et familial, Martha Marcy May Marlene révéle un style singulier, même si le cinéaste se réclame ouvertement de Roman Polanski. Martha pourrait en effet être une petite cousine de la Deneuve de Répulsion, de la Mia Farrow de Rosemary’s baby voire du Polanski himself troublé et progressivement dément dans Le Locataire. Sean Durkin se détache vite de ces références et se garde de plagier un univers, ne s’autorisant pas en outre les explicites envolées oniriques et fantastiques d’un Darren Aronofsky dans Black Swan.
- Copyright Twentieth Century Fox France
L’étrangeté de la normalité apparente suffit à distiller un malaise, ne serait-ce que par les cauchemars de l’héroïne et les effets en trompe-l’œil du quotidien ; en cela, la démarche du cinéaste est plus proche de celle de Talke Shelter, Martha gardant des éclairs de lucidité la rapprochant du personnage joué par Michael Shannon dans le film de Jeff Nichols. En fait, Sean Durkin pourrait être le digne héritier d’un Jacques Tourneur : la dernière séquence dans la voiture, qui suggère un dénouement ouvert, est à ce titre le passage le plus terrifiant dans la fausse banalité de ce qui s’y déroule...
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Marine B. 2 mars 2012
Martha Marcy May Marlene - Sean Durkin - critique
Un premier film absolument réussi où les notions de réalité, de rêve et de souvenirs ne font plus qu’un. La photographie surexposée n’est pas pour rien dans cet effet… L’enfermement dans lequel se trouve l’héroïne est bien retranscrit par une atmosphère sonore amplifiée, angoissante.
Elizabeth Olsen est éblouissante, avec son visage rond rappelant que l’enfance n’est pas loin et son regard bleu perdu dans le vague, entre peur et aliénation. L’actrice porte le film et donne de la profondeur à son personnage.
Martha Marcy May Marlene porte le spectateur pendant 1h40 avec une tension constante qui se maintien bien après le générique de fin !
Frédéric de Vençay 3 mars 2012
Martha Marcy May Marlene - Sean Durkin - critique
Avec ce premier film remarqué à Sundance, Sean Durkin se taille une place de choix dans le genre de l’angoisse cinématographique, tout en s’extirpant de ses modèles "indé" un peu poussiéreux. Porté par une actrice épatante, "Martha Marcy May Marlene" exprime avec subtilité la dépersonnalisation de son personnage principal, par le biais d’un chassé-croisé entre passé et présent qui ménage de belles zones d’indécision paranoïaque. En gourou charismatique, John Hawkes est terrifiant de séduction insidieuse. Un coup d’essai parfaitement maîtrisé.
Christophe Butelet 7 mars 2012
Martha Marcy May Marlene - Sean Durkin - critique
Il faut d’abord voir le film pour l’actrice, Elizabeth Olsen, formidable. D’un naturel incroyable. Et ce qu’elle dégage avec son visage, c’est très fort. Sinon, le film réussit parfaitement à montrer à quel point la secte démolit son personnage, la déconnecte totalement du monde mais je trouve que le film ne va pas assez loin sur le besoin ressenti par le personnage d’aller au départ vers ce groupe retiré de la société. Il l’aborde rapidement lors d’une scène d’ailleurs très réussie (celle au repas où la jeune fille et son beau-frère partagent violemment leurs opinions) mais il ne va pas plus loin. Le film cède ainsi un peu trop à quelques facilités mais tout de même, il installe avec talent une ambiance inquiétante, étrange. Le début est très bien et le montage parallèle joue brillament avec le suspense du film (les raccords sont très beaux) mais ça n’accouche pas de grand-chose au final, ça s’étire un poil en longueur aussi, et c’est assez dommage car il y avait matière à un très beau film.
Frédéric Mignard 2 août 2012
Martha Marcy May Marlene - Sean Durkin - critique
Le pur esprit de Sundance, mais sans la flamme qui permettrait à ce film de trouver un minimum d’âme. Elizabeth Olsen est pourtant pertinente dans son jeu, mais la trame ne prend pas et las, l’ennui s’installe.
Terrence Baelen 5 décembre 2012
Martha Marcy May Marlene - Sean Durkin - critique
Le film, bien que plutôt simple dans la forme, dépeint bien la psychologie des personnages et se révèle très bien travaillé dans son fond. Le sujet est grave, la mise en scène soignée et l’interprétation des comédiens sonne juste. Le film soulève en parallèle pas mal de questions. De quoi ravir et séduire.