Plein sud
Le 2 février 2015
Nouvel exemple de l’efficacité des productions télévisuelles britanniques, la mini-série en quatre épisodes Southcliffe propose un sombre portrait de l’Angleterre profonde qui se refuse à tomber dans le mélodrame.
- Réalisateur : Sean Durkin
- Acteurs : Shirley Henderson , Sean Harris, Rory Kinnear
- Genre : Drame, Série télé
- Nationalité : Britannique
- : Éditions Montparnasse
- Durée : 3h08mn
- Festival : BAFTA
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– Sortie DVD : le 3 Février 2015
– BAFTA du meilleur acteur pour Sean Harris
Nouvel exemple de l’efficacité des productions télévisuelles britanniques, la mini-série en quatre épisodes Southcliffe propose un sombre portrait de l’Angleterre profonde qui se refuse à tomber dans le mélodrame.
L’argument : Southcliffe, petite ville côtière paisible d’Angleterre. Le 2 novembre 2011, à 5 heures du matin, le bruit des balles fend le silence de la nuit et fait basculer la ville dans la peine, l’incompréhension et le désespoir. Le tireur, Stephen Morton, est connu de tous. David Whitehead, journaliste, retourne dans cet endroit qui l’a vu grandir pour couvrir l’événement. Un retour douloureux qui l’oblige à affronter un passé qu’il pensait à jamais enfoui.
Notre avis : Écrite et réalisée par un duo prestigieux, Tony Grisoni (scénariste de Las Vegas Parano) et Sean Durkin (Martha Marcy May Marlene), et dotée d’un casting de premier ordre, la mini-série Southcliffe prouve une nouvelle fois la toute-puissance de la télévision britannique qui est prête à tout oser. Financée par Channel 4 et diffusée à plusieurs reprises depuis l’an dernier sur Canal + Séries, Southcliffe est une œuvre complexe aux multiples facettes. Réflexion pesante et pondérée sur le thème de la mort, du vide, de l’ennui et du mal ordinaire, la série explore avec profondeur des personnages magnifiques habités d’un profond mal de vivre dans leur petite communauté perdue dans une campagne pourtant si paisible. Si le synopsis peut laisser entendre qu’il s’agit là d’un thriller ou d’une série à suspense, il n’en est rien. Dès le premier épisode, les créateurs désamorcent toutes les pistes de dramaturgie possibles via une narration à la temporalité éclatée qui ne laisse en suspens qu’une seule question : qui sont les victimes ? Ici, pas de sombre mystère ou de complot à l’origine d’une tuerie inexplicable. Dans la petite bourgade de Southcliffe, il n’y a que de l’humain, que de l’ordinaire.
Le drame proposé est donc pesant et le dispositif de réalisation n’épargne rien au spectateur. Dès les premières scènes, longues et monotones, le décor est posé. La caméra capture sans énergie des instants de vie quotidienne mécanisés où les personnages sont souvent décadrés, leurs corps coupés ou invisibles, perdus dans leurs tâches insignifiantes. Et lorsque le drame arrive et que les habitants de Southcliffe doivent faire face à leurs pertes, pas d’accompagnement mélodique ni de montage frénétique, juste de longs plans douloureux sur des visages figés en pleine incompréhension. Des instants pénibles qui s’étendent au-delà du confortable. Parfois détestables mais toujours touchants, ces portraits complexes ne laissent pas la place à une morale préfabriquée. Au spectateur de tirer ses conclusions et de reconstruire la chronologie du drame, présenté ici via de nombreux flash-backs dont la place narrative n’est jamais détaillée. Dans cet océan de noirceur, un rayon de soleil est offert par de très grandes performances d’acteurs. Le casting est étoffé et personne ne démérite. Si Sean Harris a été justement récompensé par un BAFTA pour son rôle de tueur presque attachant, il faut également signaler la présence de Shirley Henderson dont le seul visage suffit à conduire aux larmes tant la détresse y est apparente.
Si le rythme général de la série est assez lent, l’ennui ne s’installe jamais et les trois premiers épisodes sont particulièrement bien construits. On regrettera néanmoins que le dernier épisode, en forme d’épilogue, est un peu superflu. Si l’idée derrière ce chapitre final est intéressante, le reste était tellement riche dramatiquement que cette conclusion n’apporte finalement pas grand chose et est quelque peu redondante. L’ensemble aurait été renforcé si cet épilogue avait été raccourci et greffé à la fin de l’épisode trois. Ce bémol reste néanmoins léger et Southcliffe n’en reste pas moins une œuvre télévisuelle exigeante et à déconseiller aux âmes sensibles. Non pour sa violence, brève et à peine visible, mais pour la dureté de son approche dramatique qui, de manière admirable, refuse tout compromis.
- © Editions Montparnasse
LE TEST DVD
Une édition qui fait malheureusement l’impasse sur les suppléments mais propose néanmoins un excellent transfert de la série pour un prix abordable.
Les suppléments :
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Absolument rien à se mettre sous la dent de ce côté si ce n’est une poignée de bande-annonces. On aurait aimé des interviews avec les producteurs ou avec le casting du film.
L’image :
Les quatre épisodes sont proposés sur un seul DVD au format original 1.77 mais la copie proposée est de très bonne facture et malgré la durée de l’ensemble, les épisodes ne souffrent pas de la compression. Le visuel froid et brumeux et à la colorimétrie désespérément terne de Southcliffe est très bien restitué.
Le son :
Proposées en stéréo, les pistes VO et VF sont solides et alternent efficacement entre les moments de silence étouffant et des dialogues parfois volontairement saturés. La VF est respectable mais ne parviens pas à traduire les multitudes de subtilités apportées par les acteurs en anglais. La VO est absolument à privilégier.
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