Fausse manip
Le 2 novembre 2009
Un thriller cousu de fil blanc. Ni emballant ni franchement déplaisant, mais impersonnel comme les chambres d’hôtels qui lui servent de décors.


- Réalisateur : Marcel Langenegger
- Acteurs : Ewan McGregor, Michelle Williams, Hugh Jackman
- Genre : Thriller
- Nationalité : Américain
- Date de sortie : 3 septembre 2008

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– Durée : 1h48mn
– Titre original : Deception
Un thriller cousu de fil blanc. Ni emballant ni franchement déplaisant, mais impersonnel comme les chambres d’hôtels qui lui servent de décors.
L’argument : Pas d’amis, pas de copine, il ne se passe rien dans la vie de Jonathan. Sa vie se résume à son travail de comptable dans une grosse société new-yorkaise. Jusqu’au jour où il sympathise avec un avocat, Wyatt, qui l’inscrit sur la "Liste", un club de rencontres sulfureux peuplé de jeunes femmes superbes et disponibles.
Mais Jonathan est tombé dans un engrenage fatal : la liste n’est qu’un piège diabolique destiné à le forcer à commettre le plus gros braquage du siècle.
Notre avis : À mi-chemin entre le thriller érotique et le film de braquage sophistiqué, Manipulation ne parvient pas à tirer son épingle du jeu d’un scénario qui collectionne les grosses ficelles.
La manipulation, annoncée dès le titre (envisagé dans un premier temps, The tourist, aurait au moins eu le mérite de ne pas vendre tout de suite la mèche) n’est qu’un secret de Polichinelle (ainsi, l’échange "malencontreux" des portables). Enchaînant les rebondissements prévisibles, le film court-circuite systématiquement tout effet de surprise - le crime suprême pour un thriller - et nous pousse lentement mais sûrement vers le sommeil du juste, sans que la partie libertine parvienne à rattraper le coup. Au contraire, les échanges sexuels expéditifs et mécaniques entre VIP des affaires consentantes tombent à leur tour dans le convenu, malgré la présence d’une guest star en la personne de Charlotte Rampling.
Si les deux acteurs assurent chacun dans leur partition - Ewan Mc Gregor en col blanc brillant, binoclard et introverti - du genre à passer inaperçu - et Hugh Jackman (X-men, Scoop) dans une énième déclinaison du personnage de Tom Ripley en avocat aux dents longues, l’alchimie est moins évidente au sein du couple McGregor/Williams. Sans compter qu’en multipliant sur la fin les ellipses, le film nous prive du plaisir d’assister à la transformation psychologique de Jonathan (malgré l’abandon des lunettes au profit de lentilles pour l’aspect physique), de l’anti-héros besogneux et besognant en jeune loup aux dents longues qui donne tout son sens au jeu du tel est pris, qui croyait prendre.
Au crédit du film, on portera toutefois la qualité d’image des scènes de nuit (tournées avec la caméra numérique Genesis), alternant ambiance bleutée de papier glacé symbolisant le spleen et la solitude des financiers new yorkais et rougeoyante à l’entrée en scène de Michelle Williams, sans que cela suffise à compenser les faiblesses scénaristiques.