Ma mère est folle - la critique du film

Notre avis : Après nous avoir habitués à des récits sages et structurés autour de l’enfance (Diabolo menthe, La Baule les Pins), de la famille (Coup de foudre) ou de la vie de personnages célèbres (Les enfants du siècle, Sagan), Diane Kurys nous emporte cette fois dans le tourbillon d’un voyage extravagant mais non dénué de tendresse qui vaut surtout par le duo inattendu Fanny Ardant/Vianney.

Copyright Alexandre Films

Nina (Fanny Ardant) appartient à cette génération de femmes qui a connu une totale liberté, y compris celle de ne pas se couler dans le moule de la mère de famille parfaite. Insouciante, indépendante et rebelle, elle n’a jamais compté sur personne et ne s’est jamais préoccupée de personne. Désormais, les choses se compliquent. Elle est couverte de dettes et risque de perdre la maison de son enfance, le seul bien auquel elle est attachée. Pour se renflouer, elle envisage de produire le disque d’Emir, un chanteur bosniaque rencontré dans le métro. Mais face aux difficultés engendrées par le projet, Emir lui présente un vendeur de produits illicites pour qu’elle en fasse la revente, tout en lui confiant un jeune orphelin dont il ne sait que faire et pour lequel elle se prend d’affection. Commence alors un go fast qui les mènera tous les deux jusqu’à Rotterdam où vit Baptiste, (Vianney), le fils de Nina, un jeune architecte de 25 ans qui s’est réfugié aux Pays-Bas pour couper court à toutes relations avec sa mère. Il faut dire qu’il est son exact opposé. Poli et rigoureux, il ne se risquerait jamais à se fourvoyer dans quelque opération illégale. Il ne se réjouit guère de l’arrivée de sa mère. Ses mauvaises manières lui font honte surtout vis-à-vis de son amie. Sa conscience de fils responsable le pousse pourtant à l’accompagner dans cette aventure insensée et dangereuse que Diane Kurys transforme une nouvelle fois en un merveilleux portrait de femme vu à travers le regard de son fils.

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Forte de son élégance naturelle, de son phrasé si particulier et du mystère dont elle s’entoure, Fanny Ardant s’empare immédiatement de son personnage qu’elle sait rendre tout à la fois tumultueux et attendrissant, autant qu’ensorcelant et fragile. L’affection dont elle entoure cette femme insaisissable si prompte à nous livrer des scènes d’autant plus touchantes que jamais elle ne se départit de sa carapace de femme libre et déterminée, compense un jeu qui frôle souvent d’un peu trop près la caricature, heureusement juste à point équilibrée par la sérénité éclatante d’un Vianney tout à fait à l’aise face à la tornade Ardant. Avec un naturel épatant, il décline une palette infinie de sentiments passant sans encombres et avec une inaltérable douceur de la fermeté à l’humour, de l’humour à la bienveillance. Leur tandem attachant équilibre un scénario désordonné qui, sous prétexte de jouer la carte de la pitrerie à tous crins, se dilue dans des péripéties abracadabrantes.

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Mais puisque cette comédie fantasque et tendre brille surtout par le talent de ses comédiens, il est à noter l’importance des seconds rôles qui contribuent à renforcer l’humanité qui en émane. Si Patrick Chesnais, toujours égal à lui-même dans sa peau de bougon désabusé réussit à nous séduire dans son rôle de mafieux homosexuel, la palme de la générosité extravagante revient à l’inoxydable Arielle Dombasle qui, pour glisser son corps de sylphide dans la peau de l’amie Jess, déploie des trésors de bonté, d’humour et d’intelligence. Un personnage haut en couleurs qui se marie formidablement bien avec la déraison de Nina.
Des décors de toute beauté, un casting judicieusement choisi capable de vous bercer entre rire et émotion sont autant de raisons de vous laisser emporter par cette comédie qui n’a d’autre prétention que de vous faire passer un agréable moment.