Cocktail molotov - la critique du film

Critique : Réalisé en 1979 par Diane Kurys, Cocktail molotov sort à nouveau sur les écrans (en même temps qu’en DVD pour la première fois) en version restaurée, à l’occasion des cinquante ans de Mai 68.
Ne vous fiez pas au titre. En effet, Diane Kurys nous invite davantage à suivre l’aventure romantique d’une jeunesse qui s’émancipe que les circonvolutions d’une révolte peuplée de bombes incendiaires.

Copyright Malavida Films

Après le succès phénoménal de Diabolo menthe, son premier long, la réalisatrice continue à puiser (comme elle le fera tout au long de sa carrière) dans sa vie personnelle pour bâtir une œuvre pleine de personnages touchants, de souvenirs amoureux et de déchirements. La petite Anne a grandi. Elle a aujourd’hui dix-huit ans, l’âge de toutes les premières fois, celui du refus de l’intransigeance, de la violence, l’âge où ça commence vraiment et où l’on entend bien s’insérer dans la vie tant publique que politique de son époque. Si, dans cette période particulière, notre héroïne ne vit pas sur le terrain ce que l’on a appelé « les événements de mai 68 », son combat de femme pour vivre comme elle l’entend (symbolisé par cette escapade sur la route entreprise avec deux amis), et non selon la volonté de sa mère, témoigne largement de l’avancée de la liberté des mœurs.

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Assurément, le scénario de Cocktail molotov n’a pas l’ossature de celui de Diabolo menthe, et à certains endroits ce voyage pourtant agréablement porté par la voix de Murray Head et la musique d’Yves Simon devient quelque peu languissant. C’est néanmoins avec plaisir que l’on retrouve tout ce qui, au fil de ses réalisations, constituera « la patte » Kurys : un regard bienveillant et tendre posé sur des personnages plongés dans un univers à l’authenticité telle que le spectateur n’a aucun mal à s’identifier à eux, la capacité de nous émouvoir de situations graves tout en maintenant humour et nostalgie et enfin un ton toujours juste pour analyser toute la subtilité des rapports humains.

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Et puis, ce trio amical et amoureux au goût de liberté révèle au grand public un François Cluzet encore inconnu que sa désinvolture et son charme juvénile rendent immédiatement attachant, pendant qu’à ses côtés Élise Caron navigue sans jamais perdre le cap entre esprit de décision et féminité assumée et se positionne ainsi en parfait modèle de femme moderne pour les générations de femmes qui lui succèdent.
Il est interdit d’interdire, clamait-on en mai 68. Cinq décennies plus tard, il ne reste pas grand-chose de ce slogan utopique. Cocktail molotov constitue alors une belle occasion de renouer avec cette parenthèse enchantée.

Suppléments : Bonus : Diane Kurys, François Cluzet et Yves Simon invités par Michel Drucker dans Les Rendez-vous du dimanche (17 février 1980).