Le 19 juin 2014
- Dessinateur : Eduardo Risso
- Série : 100 Bullets
- Famille : Comics
- Date de sortie : 1er juin 2014
Toujours à l’ombre du Palais du commerce, fort apaisante en ce week-end ensoleillé et venteux, c’est dans la salle Tony Garnier que Lyon BD nous propose d’entrer dans l’intimité – professionnelle- de Eduardo Risso, le dessinateur de la série 100 Bullets !
Eduardo Risso en t-shirt noir et blanc...
Eduardo Risso répond aux questions de l’animateur avant d’enchaîner avec celles du public.
Il nous raconte sa journée de travail. Après le réveil, il se met à sa planche à dessin deux à trois heures, effectue une pause pour déjeuner avec sa famille puis enchaîne avec la sainte sieste. Importante avant de reprendre et de travailler trois à quatre heures l’après-midi.
Pas de sortie quand le soleil est au rendez-vous, pas de pause piscine, en fait pas de source de distraction.
C’est sans doute une des raisons pour lesquelles Eduardo Risso travaille vite et bien. Lorsqu’il devait fournir pour l’Italie, il avait un rythme de quarante planches par... mois !
Il a alors dû prendre des assistants, mais cela l’embêtait au départ car il devait les former. Les répartitions des tâches étaient les mêmes : ses aides remplissaient les zones d’aplat de noir, dessinaient des décors ou quelques accessoires.
Le temps qu’il réalise une case, Eduardo rit, lui créait une planche.
Quand on voit le travail d’Eduardo, qu’il projette en parallèle de cette discussion, on se rend compte du nombre de planches noir et blanc, avec fort peu de dialogues.
Eduardo nous raconte qu’il s’est mis à la couleur récemment avec le projet qu’il a en cours de production, un roman graphique écrit par Paul Tiny.
Vous avez dit couleur ?
Il doit apprendre à penser autrement. Avant, il imaginait en Noir et Blanc, maintenant, il doit voir en couleur. De toute manière, sa méthode de travail est un peu particulière. Il passe directement à l’encre et fait peu de crayonnés à la grande rage de ses éditeurs, qui aimeraient voir en amont à quoi vont ressembler les planches finales.
Il réfléchissait avant à la case, puis il a évolué et pense maintenant la narration, la composition et finalement les couleurs de la page.
Eduardo n’a pas de prétention d’auteur, il se positionne comme dessinateur et choisit parmi les projets proposés par des éditeurs et des scénaristes ce qui l’intéresse. Mais il explique qu’il n’en a pas toujours été ainsi !
A l’époque de ses débuts, il y a trente ans, il allait taper à la porte des éditeurs comme DC, qui lui répondaient un an plus tard avec un mot de refus tout gentil.
Grâce à la notoriété que lui a apporté 100 Bullets, les choses ont vraiment évolué. Il est aujourd’hui en position de refuser des projets, de ne pas accepter de faire des corrections, de pouvoir se défendre en menaçant de changer d’éditeur.
Aux US, quand il a travaillé pour DC sur le personnage de Batman entre autres, on lui a demandé une cadence de vingt planches par mois. Il était... Soulagé, ça lui a permis de prendre des vacances !
Après le noir et Blanc, un beau rouge et noir !
Quand on lui parle du rythme européen, une cinquantaine de planches par an, Eduardo Sourit. Là, il pourrait prendre de grandes vacances et chaque année !
Et quand une personne de l’assistance lui demande s’il reconnaît l’influence de Frank Miller sur son travail, Eduardo répond qu’il reconnaît celle de Alberto Breccia, qui, vingt ans avant Miller, a fait le même travail. D’ailleurs, il ajoute que c’est Breccia qui a inspiré Miller !
L’important pour lui aujourd’hui, est de ne pas lasser le lecteur et de ne pas s’ennuyer. Il travaille donc sans cesse à évoluer son style et à illustrer des histoires qui le clouent sur place.
Volubile, affirmatif, confiant, c’est un homme qui ne mâche pas ses mots qui a passé presque deux heures avec nous à se livrer, à répondre à toutes les questions de son public français, avec humour, décontraction mais beaucoup de conviction. Sa recommandation aux jeunes auteurs ? Aller sur les festivals pour rencontrer les éditeurs ! Il faut voir les gens, pas se contenter d’envoyer des choses à leur bureau...
Galerie photos
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