Coup de foudre et coup de sang
Le 27 octobre 2011
Adapté du roman Fleur de l’auteur Jie Liu Falin, sélectionné au Toronto international film festival et aux Giornate degli autori à Venise, le nouveau film de Lou Ye, Love and bruises, éblouit autant qu’il ne commotionne.
- Réalisateur : Lou Ye
- Acteurs : Tahar Rahim, Corinne Yam
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 1h45mn
- Date de sortie : 2 novembre 2011
- Plus d'informations : http://loveandbruises-lefilm.com/
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Adapté du roman Fleur de l’auteur Jie Liu Falin, sélectionné au Toronto international film festival et aux Giornate degli autori à Venise, le nouveau film de Lou Ye, Love and bruises, éblouit autant qu’il ne commotionne
L’argument : Hua, étudiante chinoise, habite à Paris depuis peu. Un jour, elle rencontre Mathieu, un jeune ouvrier qui tombe amoureux d’elle. Commence alors une histoire d’amour intense et passionnelle. Cette relation déstabilise Hua qui décide de repartir en Chine. Jusqu’à ce qu’elle prenne conscience de l’importance qu’a prise Mathieu dans sa vie.
Notre avis : Dernier né du chinois très controversé Lou Ye, Love and bruises enflamme et déchire les coeurs. Connu pour ses choix scénaristiques audacieux (Nuit d’ivresse primtanière) et une cinématographie subversive (Une jeunesse chinoise), le cinéaste s’assagit avec un sujet pourtant brûlant : la passion amoureuse. En tête d’affiche une révélation française (Tahar Rahim) et une quasi-inconnue (Corinne Yam) qui mènent le jeu d’une main de fer. Loin de du cliché romantique et de la gentille petite bluette, Love and bruises image le grand amour tel qu’il est, à l’état brut, nu et sans fioritures : une ardente blessure.
Pas un seul moment de répit dans ce film où la vie à deux se vit à dix mille à l’heure, sans précautions, sans attentions, et trop souvent dans l’intransigeance. Ce désir de réalité, Lou Ye l’affectionne et l’ambitionne à chacun de ses films. Proche de l’ésthétique documentaire, Love and bruises n’échappe pas à la règle, enchaînant plans séquences en caméra épaule, cadres tressautants, et montage pulsatile. L’idée ? Etre au plus près des personnages pour créer une esthétique de l’intimité. Et force est de constater que le pari est réussit, peut être même un peu trop. Si Lou Ye nous embarque dès les premières minutes dans le récit, l’histoire d’amour mouvementée de Matthieu et Hua choque, cogne et ébranle. Ici le couple c’est avant tout une dynamique d’attraction physique, qui, lorsqu’elle est désiquilibrée par l’un des deux composants, sombre dans la répulsion et la violence. A cette harmonie précaire s’ajoute les contrepoids du monde extérieur, celui de deux milieux opposés : l’univers de Matthieu, Français et couvreur sur les marchés contre l’univers de Hua, Chinoise et professeur d’université. Rien d’original dans ce conflit Shaeksperien sinon la force avec laquelle les deux protagonistes se débattent l’un et l’autre, et souvent l’un contre l’autre, pour ne pas sombrer.
En constante désunion dans le plan, à l’exception des scènes de sexe réalisées dans un idéal de fusion parfaite, les personnages ne se rejoignent sur rien.
Impulsif et sanguin, Matthieu (brillament interprété par Tahar Rahim) perd très vite patience et confiance. Entier, il veut tout et tout de suite avec Hua, lui proposant même le mariage pour calmer sa jalousie dévorante. A l’inverse la jeune femme (Corinne Yam), calme et posée, presque avare en mots, a du mal à suivre le rythme. Confinée dans ses livres, elle a besoin de réflexion pour faire face à cet amour dévastateur qu’elle n’a su prévoir. Deux cultures, deux caractères, deux visions très tranchées pour une rencontre choc. Ici le coup de foudre frappe dans la nuit, en pleine rue et se consomme dans la foulée contre une clôture, entre deux camions.
Un seul plan vient finalement apaisé cette constante bataille rangée : une image filmée au levé du jour où les deux visages des protagonistes, regardent pour une fois, dans la même direction, un horizon commun.
La réussite de Love and bruises c’est d’avoir su créer des personnages imparfaits, égoïstes et "borderline", littéralement emporté par la violence de cet amour. Chantage au suicide, pacte dans le sang, et test pervers de fidélité, Matthieu et Yua se font plus de mal que de bien. Hua finit par le comprendre et décide de retourner à son ancienne vie en Chine. Mais elle ne peut rester bien longtemps loin de Matthieu. Ainsi, au-delà du thème premier (l’amour passion), le film aborde nombre d’autres interrogations qui lui sont parallèles : la liberté, l’appartenance, le don, la perte de so, et le recommencement. Magistral dans l’interprétation de Matthieu, Tahar Rahim(Un prophète) confirme son talent d’acteur très physique, sonore et spontané, presque à l’américaine. Avec une mise en scène du pris sur le vif, la caméra, véritable objet-témoin, oscille à l’angle des corps, au creux des regards et à contrepoint des sentiments.
Construite autour de la respiration et de ses nombreuses expressions (inspiration, expiration, soupir, souffle coupé...) le récit voyage en rythmes saccadés. Transparent, le montage laisse place dans le champ, à l’éclatement de l’action. Une belle image de la passion destructrice peinte en clair-obscur, passant en un tiers de plan de l’ombre à la lumière. Soutenu par un casting juste et touchant, Love and bruises porte à l’écran la cruelle histoire d’amour de deux êtres, pas fait l’un pour l’autre. A voir sans modération.
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