Le 4 août 2014
Stéphane Lévy adapte un scénario de l’écrivain Régis Jauffret pour son premier long-métrage, une rencontre aussi séduisante que périlleuse.
- Réalisateur : Stéphane Lévy
- Acteurs : Anna Sigalevitch, Régis Jauffret, Marius Jauffret, Fabiola Jauffret
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 1h10mn
- Date de sortie : 23 juillet 2014
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Stéphane Lévy adapte un scénario de l’écrivain Régis Jauffret pour son premier long-métrage, une rencontre aussi séduisante que périlleuse.
L’argument : Un homme solitaire accueille une baby-sitter dans sa grande bastide du sud de la France. L’enfant n’est pas là, il doit arriver demain, après-demain, bientôt. La jeune femme a peur de cet homme menteur, charmant, cet ogre qui peu à peu l’obsède. Il lui parle, l’envoûte, puis la rejette, se moque d’elle, la ridiculise, pour mieux la fasciner ensuite, comme un serpent avec sa proie.
Notre avis : Ce huis-clos est un face à face entre un homme et une femme, un rapport de force qui expose avec perversité un lien de domination et une soumission volontaire. La tension entre les deux personnages est d’emblée matérialisée par une image fortement contrastée, d’un noir et blanc tirant vers le sépia. Dès les premières scènes, l’homme, interprété par Régis Jauffet, prend l’ascendant physique et mental sur la jeune femme, interprétée par Anna Sigalevitch : ses paroles sont des ordres qui n’en ont pas l’air et ses gestes expriment un paternalisme pernicieux. La contrainte est là, dès le début, et l’on sait que ce n’est qu’une question de temps avant que l’étau ne se resserre définitivement sur la jeune femme, victime consentante détentrice d’un lourd secret.
Contre toute attente, le jeu et l’univers enfantins sont au centre de la relation que nouent les deux personnages : la baby-sitter, qui ne semble pas encore avoir totalement quitté le monde de l’enfance, se retrouve à garder son employeur, qui se conduit comme un véritable garnement. De plus en plus violents, les contacts entre les corps fragmentés – souvent filmés en gros plans ou partiellement – expriment de façon convaincante les pulsions et les répulsions tour à tour éprouvées par chacun des personnages. Il conviendrait ici de souligner la symbiose remarquable entre les deux acteurs, qui livrent une performance au diapason.
Le réalisateur tente dans ce film une narration discontinue et elliptique propice à faire imaginer le pire. Les voix du prédateur et de sa proie guident le spectateur autant qu’elles l’égarent, le mettant face à l’impossibilité de comprendre les personnages, leur histoire ou même leurs motivations. Ce qui se fait à l’écran entretient un lien ténu avec ce qui est dit, maintenant une certaine discordance qui est loin d’être inintéressante mais qui ne suffit pas à faire rentrer le spectateur dans l’œuvre. La danse des deux personnages déroute, trop peut-être. La longueur des plans alternée avec celle des monologues en voix-off fait perdre de leur intensité aux paroles des personnages et les quelques scènes en couleur semblent trancher presque accidentellement, voire artificiellement, avec le noir et blanc, apportant malgré tout un peu de fraîcheur dans la chaleur oppressante de la lumière dure qui sculpte les corps des acteurs.
Enfin, ce qui apparaît comme un épilogue énigmatique laisse le spectateur dubitatif. L’expérience d’une narration aussi elliptique aura peut-être montré ici sa limite. Loup-Garou est donc un projet ambitieux mais dont le propos reste difficile à percevoir sous l’esthétique quelque peu forcée du film. Une œuvre pour cinéphile averti.
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