Mala vida
Le 27 janvier 2009
Que l’on privilégie la thèse sociale ou nihiliste, une chose est certaine : avec ce second film, Amat Escalante cherche à ruer dans les brancards. Mais à trop brouiller les pistes, le réalisateur prend le risque de perdre le spectateur en route.
- Réalisateur : Amat Escalante
- Acteurs : Jesús Moisés Rodriguez, Rubén Sosa, Nina Zavarin
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Mexicain
- Distributeur : Le Pacte
- Durée : 1h30mn
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 28 janvier 2009
- Festival : Festival de Cannes 2008
Résumé : À Los Angeles, comme chaque matin, Fausto et Jesus, deux travailleurs mexicains clandestins, attendent au coin d’un terminal de bus dans l’espoir d’être embauchés. Les tâches sont ingrates et très mal payées, mais la nécessité de gagner un peu d’argent leur met une pression intense. Aujourd’hui, ils ont trouvé un travail beaucoup mieux payé : leur outil de travail est un fusil à canon scié.
Critique : Un plan fixe à l’intérieur d’un aqueduc à sec. En ligne de mire, deux silhouettes se profilent au loin, approchent puis disparaissent comme elles sont venues. Les deux protagonistes, un homme et un adolescent (deux acteurs non professionnels) traversent l’écran comme ils traversent le récit, insaisissables. Dès le premier plan, le ton est donné.
Le choix du plan fixe par le réalisateur marque le refus de toute fioriture, l’action se suffisant à elle-même. La sècheresse de la forme répond ainsi à celle du récit. Ce dernier se focalise dans un premier temps sur deux immigrés mexicains clandestins employés à la journée dans le bâtiment, avant de se déplacer dans une famille américaine monoparentale moyenne - une mère est dépassée par la crise d’adolescence de son fils - qui rappelle de façon lointaine l’univers de Gus Van Sant. Sur le modèle de son compatriote Alejandro González Iñárritu dans Amours chiennes, Amat Escalante fait ainsi s’entrecroiser des destins que rien, a priori, ne rapproche.
- © Le Pacte
Sous prétexte de traiter de l’immigration clandestine, le réalisateur se lance dans une démonstration de ce qui peut amener un homme à se transformer en meurtrier, pour peu qu’on lui mette une arme dans les mains. Résolument inscrit dans le présent, le film n’évoque le passé qu’à travers de maigres indices, laissant planer le douter sur les motivations, obscures ou réelles, des protagonistes. L’argent ? Le contrat mis sur la tête de son ex-compagne par un amant jaloux n’est pas tant rentable. Une vengeance sociale ? Si le film esquisse cette piste, on est pourtant tenté de chercher le fin mot de l’histoire du côté de la "glaciation émotionnelle" chère à Michael Haneke.
- © Le Pacte
À l’instant fatidique, la gratuité du geste s’ajoute ainsi à une mise en scène flirtant avec le gore (très long plan fixe couronnant le coup de fusil tiré à bout portant) pour transformer in extrémis Los bastardos en un brûlot sur le passage à l’acte destiné à chambouler les consciences.
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roger w 12 février 2009
Los bastardos - Amat Escalante - critique
De longs plans séquences succèdent à d’autres longs plans séquences afin de démontrer l’exploitation des mexicains aux Etats-Unis. Pourtant, après une bonne heure où l’on suit avec intérêt les jeunes protagonistes, le cinéaste nous retourne comme une crèpe en en faisant de redoutables assassins. De quoi nous prendre à rebrousse-poil, de manière à créer un malaise. Malheureusement, ce type de sujet a déjà été abordé, souvent en mieux (voir "la zona") et en moins ennuyeux. Ce mélange entre Haneke et van Sant est donc bien, mais pas bouleversant.
Norman06 29 avril 2009
Los bastardos - Amat Escalante - critique
Copiant collant les tics vus dans maintes productions minimalistes, Amat Escalante abuse des lenteurs, plans séquences et non-dits, en restant confus dans ses intentions. La seconde partie, sorte de mauvais remake de Funny Games, dévie vers le mauvais goût.